Au Phare-Ouest, Les cours de 'vente' - Sous-titrés : La psychologie humaine et dans le commerce ont toujours été considérés à la légère, au mieux une curiosité, un supplément intéressant mais n'atteignant pas, la "dignité" des autres ouvrages d'André. C'est pourquoi on n'en parlait jamais.

Pourtant André nous l'avait dit : "Ce livre est initiatique". Ce mot signifiant "qui met au commencement".

Nous pensons nous-mêmes que ce Cours, de 22 chapitres, est en effet une base subtile de tout l'enseignement qui va suivre à travers l'oeuvre d'André.

André Bouguénec le suggéra de bien des façons. Par exemple Entretien avec l'homme, est considéré comme LE livre 'social'. Or il a pour sous-titre : Textes inédits sur les mystères, la psychologie de l'homme et de l'Univers. Le rapport entre les deux ouvrages, apparaît donc en comparant les deux titres (voir plus haut).

Nous disons en effet que si le plus ancien des deux parait traiter de problèmes primaires (une formation personnelle pour le travail), il comporte une dimension cachée qui saute aux yeux, dès qu'on entreprend sa lecture avec une double vision.

Celui-ci peut être abordé sur (au moins) trois niveaux :

D'abord le plus évident, celui qui est annoncé : la psychologie individuelle et en société. Il dresse un tableau de ce qu'est et de ce que devraient être des relations sociales humanistes tenant compte des types de caractères, personnalités, difficultés, motivations, intérêts et valeurs, dans leurs influences et contacts ; s'en suit une description des structures sociales, couple, famille, travail, production, argent, économie, valeur, valeur du travail et valeurs en général, politique, impôts...

Tout l'ouvrage pourrait finalement être lu de bien des éducateurs, psychologues et autres pédagogues, avec grand profit.

Mais lisant ce livre à un autre niveau, on y trouvera la description d'un cheminement donné à tout initié se voulant efficace et compétent en son "commerce", ou plutôt son "échange" avec les hommes, par une culture de ses facultés intellectuelles ou morales, des facteurs lui permettant de transmettre sa lumière : qualités de la perosnnalité, de l'intelligence, de la mémoire, du savoir, de la conscience, du sentiment, de l'éloquence, du raisonnement et de l'argumentation, des incitations et influences subtiles, etc. la conversion de ses carences en vertus et qualités, la construction des valeurs... jusqu'à la gestion de groupes.

Y sont décrits la façon dont l'homme apprend, développe toutes les facettes de sa personnalité, pour le conduire au développement d'une conscience de soi, de valeurs, de qualités morales et intelligentes, comment il devient un être vivant et non une mécanique, et par quels truchements.

Même les névroses et problèmes psychologiques sont répertoriés précisément, ainsi que des solutions pour les résoudre.

Enfin, on peut lire de façon claire - dès qu'on en a trouvé la clé, tout le « procès-verbal » de l'évolution humaine à travers les arcanes de la Création divine, du début à la fin, et entre autre, comment l'Esprit agit par sa dualité pour mener l'homme à bonne fin, comment la matière est la matrice de l'esprit, du Verbe. On y trouve la clé de l'alchimie : sublimation de la matière par le feu de la volonté exercée (pourquoi et comment), ou encore comment passer de la perspective matière à celle de l'esprit, puis à la science. Nous y avons même trouvé la théorie Martiniste de la réintégration par le devoir social et chrétien. En bref, tout son contenu apparemment innocent et utilitaire peut s'extra-poler comme la révélation du processus de la résurrection de l'homme comme dieu en devenir, en développant une parabole de plus de 300 pages. A partir d'un symbole central non anodin, puisque Mercure-Hermès était dieu du commerce, de l'échange : acte présenté comme premier, justement, pour comprendre la vente.

Cet ouvrage, vivant, retraitant la Tradition, selon les conseils même d'André, fut comme tous ceux de l'auteur, à lire et relire pour apprendre à enseigner, et voir que sous couvert de son objectif premier : former des vendeurs, il livre encore une méthode d'influence qui respecte en tout premier lieu la liberté humaine, car comme André Bouguénec l'écrit dans une formule qui pourrait tout résumer : "convaincre, c'est satisfaire l'esprit d'autrui".

Si cet ouvrage était dit "initiatique", ce n'est pas seulement parce qu'il offre une voie d'initiation, mais aussi peut-être parce que seuls des individus curieux (ou de bon sens) pouvaient le sentir, la chose n'étant pas, pour le coup, transparente... Mais "c'est la gloire de Dieu de se cacher, et la gloire des rois de le trouver".

Un "initié" et pour le moins un "initiateur" qui négligerait l'étape de s'initier à l'humanisme en tout premier lieu, ou une démarche tenant compte de la psychologie des êtres en communication sociale ne peut prétendre à comprendre l'humanisme transcendant, le sur-naturel, le sur-physique ou le sur-psychique, le méta-physique du Verbe, et par là le spirituel. Car le "Verbe" c'est tout cela et c'est d'abord cela.

Pour se rendre compte de la portée des Cours de ventes, il fallait quand même savoir et vouloir lire, un livre que son auteur ne nous a jamais vendu... sinon par quelque allusion : "Vous êtes des commerçants du Verbe", "La première porte, c'est la psychologie", ou encore "J'ai écrit un ouvrage de psychologie de la vente"... "il est initiatique".

Mais la "porte" n'est-elle pas le "premier passage" (initiation), et donc un échange, justement ? Tout comme "la parole", cachée... 

Ce livre est bien une première porte, et André disait sans cesse : "Tout est psychologie".

Curieusement  son dernier livre non plus : Le Carré Sator, ne fut pas publié.

Il y aurait à méditer sur ce commencement et cette fin. Sachant que si on enlève un élément du TOUT, disait André, on va au chaos.

Enfin : Dans un texte publié dans l'ouvrage posthume Formes traditionnelles et cycles cosmiques, (page 109, édition Gallimard NRF, 1970), de René Guénon, celui-ci fait allusion à un ouvrage commercial ayant un contenu qu'il qualifie d'entièrement initiatique. Or à cette date les deux hommes fréquentaient des sociétés traditionalistes. Bien que René Guénon n'apporte pas plus de précision sur l'auteur ou l'origine de l'ouvrage dont il parle, cette mention pourrait s'y rapporter.