Cette étude fait suite à l'article de Véraldi paru dans notre numéro 6 consacré à la personnalité de Korzybski.
Un intérêt croissant se manifeste à l'égard de la sémantique générale. Un cours est actuellement donné à Paris, sous les auspices de l'Institut Européen de Sémantique Générale. Notre ami, Fereydoun lloveyda s'apprête à publier un ouvrage sur la doctrine de Korzybski. De son côté, Gabriel Véraldi prépare un essai et entreprend la traduction de « Science and Sanity ».
Faut-il considérer la Sémantique Générale comme une vision réellement nouvelle et efficace des rapports de l'homme avec sa propre pensée et avec le monde ? Absolument pas, selon Bergier. Certainement, selon Véraldi. Oui, dans la mesure où il s'agit d'un « jeu », selon Iloveyda. Nous maintenons le problème ouvert.
LE SYSTÈME NON-A
Quand on a entrepris de faire connaître l'oeuvre de Korzybski, on a souvent l'occasion de regretter qu'il ait baptisé son système : sémantique générale. Aux États-Unis, c'est un inconvénient mineur : le mot sémantique était peu répandu, avant qu'il ne soit popularisé par le non-A (non-Aristotélisme). Mais en France, où le mot sémantique a été créé par Michel Bréal en 1883, cela pose un réel problème. Les gens cultivés savent depuis l'école secondaire qu'il veut dire : étude du sens des mots. Les dictionnaires sont catégoriquement du même avis. Alors, si vous déclarez que la sémantique générale est basée sur les mathématiques, la physique relativiste et la physiologie, on vous regarde d'un air pensif.
Korzybski n'a adopté ce terme qu'assez tard. Dans ses premières recherches, il parlait d'engineering humain, ce qui était précis et clair, et indiquait bien le projet de construire une science de l'homme, pratique, orientée vers les réalisations, comme tout travail d'ingénieur. C'était même si bon que des farfelus et des charlatans s'en emparèrent ; Korzybski dut l'abandonner. Pendant quelques années, il employa time-binding. Là, c'était trop restreint, et surtout aussi difficile à expliquer qu'impossible à traduire dans certaines langues (le français par exemple, j'en sais quelque chose). Pour vraiment comprendre time-binding, il faut d'abord connaître les « forces de liaison » (binding forces) de la mécanique rationnelle, puis étendre ce concept à toute une gamme de sciences, qui se saluent mais ne se parlent pas.
I. Engineering : ce mot est employé dans toutes les langues modernes pour désigner l'ensemble des activités de l'ingénieur.
Lors de la première rédaction de Science and Sanity, en 1927, Korzybski s'était replié sur un mot composite mais parlant : humanologie. Deux ans plus tard, alors qu'il était occupé à perfectionner et à vérifier son système, il vint à Varsovie pour assister au Congrès des Mathématiciens des pays slaves. Il en profita pour rendre visite au professeur Chwistek, à LwOw. Celui-ci était un des principaux représentants d'une école ainsi décrite par le professeur Read 1 : « Dans les années 1920, un groupe de logiciens et de mathématiciens polonais, sous l'influence de la culture française, très forte en Pologne comme chacun le sait, adopta le mot : sémantique. Comme leurs travaux étaient principalement rédigés en polonais, ils restèrent inconnus de la plupart des savants occidentaux. » Repiqué dans ce terrain nouveau, le mot de Bréal se développa considérablement, jusqu'à prendre le sens de : science des significations symboliques. En 1935, au Congrès international de Philosophie scientifique de Paris, « la sémantique des Polonais » obtint un succès immense. Le professeur Louis Rougier, président du congrès, avait pris position dès son discours inaugural :
« Nous croyons que la philosophie peut devenir scientifique quand elle prend la science elle-même comme sujet, utilisant comme sa méthode l'analyse logique de ses notions, de ses propositions, de ses théories et de ses démonstrations. Cela admis, la philosophie constitue ce que l'on a proposé d'appeler « la syntaxe et la sémantique » du langage scientifique ».
Entre-temps, Korzybski avait médité sur le mot et l'avait encore transformé dans sa fonction et son contenu. Quand, en 1931, il présenta au Congrès de l'American Mathematical Society à la Nouvelle-Orléans la communication fondamentale de la sémantique générale : « Un Système Non-Aristotélien et sa Nécessité pour la Rigueur en Mathématiques et en Physique », son vocabulaire était définitivement arrêté.
I. Nos sources sont empruntées aux travaux du Dr (Oxford) Allen Walker Read, professeur à l'université Columbia, directeur d'American Speech, président de l'American Dialect Society, etc., qui est l'autorité sur la lexicographie des termes de sémantique générale.
2. Retraduit de l'anglais.
Les mots s'implantent aisément quand ils sont utiles. Au cours d'un voyage en haute montagne, j'entrai dans la boutique d'un petit village. Deux vieilles montagnardes discutaient sur le pas de la porte, dans un de ces patois ésotériques qui changent d'une vallée à l'autre. Je comprenais à peu près ceci : « Tratratratra antibiotique, tratratratra unités internationales, tratratratra auréomycine... » Il en sera de sémantique comme de kilowatt, cholestérol ou radioactivité, lorsqu'elle sera d'usage courant. J'ai bien dit sémantique (générale), car l'adjectif disparaîtra certainement pour désigner le système dans son ensemble, et les diverses spécialités recevront un terme complémentaire : sémantique linguistique, sémantique mathématique, esthétique, etc., selon le processus habituel de l'évolution des mots.
LE CHIEN DE PAVLOV ET LE COCHON D'ÉPICURE
Ces considérations étant peut-être trop techniques, j'en demande pardon, màis il est utile de situer le non-A dans l'ensemble du progrès scientifique et social. Ne serait-ce que pour le désinfecter d'un exotisme qui dissimule sa rigueur et son sens. Il n'est pas une révélation descendue du ciel (ou, à en croire certains, montée de l'enfer) sur un prophète inspiré. C'est le résultat d'un patient effort collectif, d'une lente mise au jour d'idées indispensables à la civilisation en marche. On peut suivre cette élaboration étape par étape. Le mot naît en France, avec une signification restreinte. Il croît en Pologne et revient, transformé, à Paris. Mais la guerre arrête les communications, et les logiciens polonais se dispersent avec l'occupation de leur pays. Le mot, heureusement, a fécondé une pensée individuelle en pleine fermentation ; il subit une dernière métamorphose en Amérique et revient, soixante-quinze ans après, méconnaissable, dans sa ville natale. Ces cheminements complexes étaient probablement nécessaires, comme les migrations des peuples les plus robustes vers les meilleures terres le furent au progrès humain. Donc, marquons bien la continuité. Mais il y a, évidemment, le moment mystérieux où un homme seul crée soudain une relation nouvelle, que personne n'avait encore perçue. L'événement lui-même, le fonctionnement cérébral, est infime. Aucun instrument, si délicat soit-il, ne peut enregistrer ce qui se passe quand un génie gagne une grande victoire de la pensée. Pourtant, cet acte insaisissable est en rapport avec le cours de l'Histoire, avec l'évolution, avec, sans doute, l'ordre universel. Il y a beaucoup à découvrir sur le pouvoir de découvrir.
Parmi les apports de la sémantique générale, il en est un qui me frappe particulièrement, du fait sans doute de ma spécialisation, mais aussi parce qu'il illustre bien l'aspect unificateur du système. En lisant la bibliographie de 619 ouvrages cités dans la première édition de Science and Sanity, on trouve neuf livres de Freud, entre Frede (Die Grundlagen der A rithmetik) et Freundlich (The Foundations of Einstein's Theory of Gravitation). Plus loin, on repère Pavlov, entre Paton (Prohibiting Minds and the Present Social and Economic Crisis) et Peano (Logique Mathématique). Pour un esprit superlativement informé de l'histoire des sciences, cela devrait presque suffire à reconstituer la sémantique générale, comme un paléontologue rebâtit un diplodocus avec une mâchoire et une vertèbre. Freud, Pavlov, ce sont les plus fameux révolutionnaires de la psychologie. L'un a soulevé la pierre de la psychologie idéaliste et littéraire qui barrait le chemin des profondeurs. Pavlov a accompli l'oeuvre majeure qui consistait à abandonner l'optique philosophique, maintenue par Freud, et à décrire enfin les mécanismes physiologiques des réactions nerveuses. Notons au passage que l'une des grandes chances de Korzybski a été de parler en une demi-douzaine de langues. Connaissant le polonais, il a pu suivre, comme nous l'avons vu, les travaux des logiciens slaves. Parlant le russe, il a connu
Pavlov à temps pour en nourrir ses recherches. Pavlov a beaucoup été déformé, tant en Russie qu'en Occident '. Le chien de Pavlov, cela fait écho au cochon d'Épicure. Bien des gens cultivés s'imaginent que le pavlovisme tend à assimiler l'homme à l'animal, alors qu'il démontre, pour la première fois d'une façon scientifique, qu'il existe une différence radicale entre les réactions humaines et celles des bêtes. Ce point est d'une telle importance qu'il mériterait un long exposé. Disons seulement, pour situer le problème, que les réactions animales conditionnelles deviennent inconditionnelles, alors que les réactions humaines inconditionnelles peuvent devenir conditionnelles. En d'autres mots : dès qu'un animal a appris une réaction (celle, par exemple, de saliver quand il entend la cloche qui annonce un repas), il ne peut plus s'en défaire : elle est devenue aussi contraignante que ses réactions instinctives. L'homme, par contre, arrive à contrôler des réactions instinctives, à un point presque incroyable. Sans aller jusqu'aux bizarreries ethnologiques, comme ces primitifs qui marchent sans se brûler sur des pierres chauffées à blanc, il suffit de penser aux soldats, religieux, etc., qui dominent les puissantes motivations de la reproduction ou de la peur. D'autre part, l'homme sait se déconditionner : la vie morale consiste pour beaucoup à modifier ses réactions pour les accorder à un modèle. Korzybski était imprégné de la pensée pavlovienne et correspondait avec le savant russe.
PAS DE CASSURE ENTRE LA LOGIQUE ET LA PHYSIOLOGIE
Il avait ainsi deux formations, en général nettement séparées : celle d'un logicien-mathématicien ; celle d'un physiologiste. C'est en les unifiant qu'il a inauguré sa vaste révision. Il a établi, ce qui est évident, qu'il ne peut y avoir d'opération logique, aussi abstraite soit-elle, sans un phénomène physiologique. En étudiant la logique d'un point de vue physiologique, et inversement, on devait pouvoir créer un champ commun et continu. C'est simple, n'est-ce pas ? Mais personne n'y avait encore pensé, ne l'avait encore fait. Pour la nouvelle psychologie freudienne, par exemple, la raison était une forme de sublimation, une élaboration de l'instinct sexuel. Par contre, pour les logiciens, la raison était une sorte d'essence immatérielle et quasi divine Korzybski a fait tomber ces cloisons. Il a montré la continuité entre toutes les manifestations de l'activité humaine. A une extrémité, il a placé la « folie », l'échec d'un être humain, condamné à disparaître à moins, que la société soit devenue assez riche et assez charitable pour le conserver en vie. A l'autre extrémité, le raisonnement mathématique, l'extraordinaire puissance qui a permis de mesurer la galaxie, de fabriquer des machines qui calculent à la vitesse de la lumière, d'assembler des forces capables de transformer la surface de la terre. Entre ces manifestations extrêmes, tout ce que l'homme fait, pense, imagine peut être situé dans une subtile gradation.
I. Voir Planète, n 8, p. 155.
Les conséquences théoriques et pratiques de cette unification sont énormes. En voici une, entre beaucoup d'autres. Notre éducation, celle que nous avons reçue, celle que nous donnons à nos enfants, est fondée dans une philosophie de l'antithèse, de l'opposition, de la cassure. Le réel s'oppose à l'idéal ; la raison, au sentiment ; le corps, à l'esprit ; l'inconscient, au conscient, etc. Seigneur ! quelle guerre cruelle ! s'exclame Racine, dans un choeur qui groupe à peu près tous les poètes, dramaturges et romanciers, sans compter leurs lecteurs. Il y a deux hommes en moi. » « O pénible condition de notre humanité ! répond Fulke Gréville, née sous une loi, sous une autre asservie ! » Si cela se bornait à la littérature ! Mais la politique, les institutions et jusqu'à la recherche scientifique sont paralysées par cette vision bivalente. Il a fallu une bonne dose de génie au biologiste Laborit pour échapper à la bivalence qui régnait en médecine depuis Hippocrate. Pour que le patient puisse « résister » au choc chirurgical, on stimulait ses mécanismes de « défense »; ce faisant, on contrariait l'adaptation automatique de l'organisme. L'hibernation artificielle, qui ralentit les réactions, diminue les défenses, permet de réussir aujourd'hui des interventions impossibles il y a quinze ans.
1. « Quand on écrit il est extrêmement difficile et peu commode de toujours indiquer explicitement les limites d'une affirmation. Il semble plus pratique de dire ici que, en général, toutes les affirmations que je fais sont limitées par des considérations ultérieures sur le problème analysé » (Science and Sanity, p. W) ! Surtout dans un résumé aussi rapide, toutes les affirmations de cet article doivent être nuancées et limitées.
DE LA BIVALENCE A L'INFINIVALENCE
Cette bivalence, ce couple de valeurs opposées, est la base même du système d'Aristote. Ses trois « lois de la pensée » établissent l'exclusion comme une constante de l'univers. Il faut naturellement se rappeler que la bivalence n'a pas été créée de toute pièce par Aristote. Là aussi, il y a évolution et continuité. Pour le primitif comme pour le petit enfant, la « loi de la pensée » est la monovalence: tout est dans tout, n'importe quoi peut sans sommation se transformer en n'importe quoi, les relations entre les choses sont presque toujours imprévisibles et capricieuses, etc. La bivalence est donc un progrès évolutif. L'ennui est que ce système, remarquable pour Athènes, a duré vraiment trop longtemps. Nous avons aujourd'hui une science du XXème siècle, des institutions du XIXè, un langage du XVè... et des lois de la pensée du IVè. avant Jésus-Christ. Il ne faut pas s'étonner si nous avons du mal à nous y retrouver.
Dans cette situation, le rôle de la sémantique générale est clair. Cette science des significations (du grec : sémano) a progressé du sens des mots au sens des symboles, enfin au pouvoir humain de concevoir des significations. Par comparaison avec la pensée primitive monovalente, avec la pensée antique bivalente, elle participe à une pensée scientifique infinivalente. Ces termes auraient certes besoin de commentaires. Mais je crois que, dans les limites d'un court article, ils donnent au moins une esquisse du système (à vrai dire, de l'un des aspects, important mais non inclusif, du système). Qui dit science dit efficacité, puisque le critère suprême est la vérification expérimentale. Une science des significations permet à l'homme entraîné une souplesse nouvelle de ses facultés d'évaluation. Survivre, à tous les niveaux de la conduite, suppose la fonction d'évaluer. Évaluer la hauteur d'un trottoir, la vitesse d'un véhicule, l'heure, les prix, les suites d'une décision, son état de santé, ses raisons de vivre, etc. Or, il n'est pas possible d'évaluer cette situation infiniment complexe qu'est la vie en société avec une logique bivalente. Heureusement, l'organisme humain, l'espèce humaine sont d'une « solidité » unique, à en juger par les résultats de sa brève carrière sur la terre. Seuls quelques fous dans les asiles réussissent à être bivalents du matin au soir. Les gens adaptés s'arrangent pour n'être pas « logiques », à s'en rendre malades. Mais le drame est que la civilisation devient de plus en plus complexe et de plus en plus scientifique. L'incohérence intérieure croît. On peut lire dans le métro de New York des affiches commençant par : « Un New-Yorkais sur dix est un malade mental sérieux... » Ça ne fait probablement que commencer, et, si nous ne rétablissons pas l'équilibre, les échéances seront lourdes.
« ASSEZ PARLE, FAITES-LE !»
Comment rétablir l'équilibre ? Nous sommes, ne l'oublions pas, en terrain scientifique. Là, il ne suffit pas de dénoncer le péril avec plus ou moins d'éloquence pour avoir la conscience en repos. Ce n'est pas assez, non plus, de proposer de vastes réformes dont il est clair qu'elles ne seront pas appliquées. Quelque chose ne va pas ? Alors, que peut-on faire, dans quel délai, par quels moyens, à quel prix ? Cette position de la sémantique générale, qu'elle partage avec toutes les sciences, est encore renforcée par la mentalité d'ingénieur que Korzybski gardait jusque dans ses spéculations les plus abstraites. Le théoricien de la neurologique restait le technicien de l'engineering humain. Il y eut des mathématiciens pour porter des toasts à l'inutilité de leurs créations : « Buvons à ce qui n'aura jamais aucun usage pratique !» Korzybski devait juger cette attitude profondément répugnante. « Assez parlé, faites-le », était un de ses mots favoris : « Don't talk, do it. »
Ce que l'on peut faire est beaucoup, ou n'est rien, selon l'optique dans laquelle on se place. Il est évidemment impossible de changer le cours de l'Histoire d'un coup de baguette magique. Les réflexions assez tristes que le Congrès de Psychologie de Copenhague inspirait à Aldous Huxley sont l'expression même du bon sens ': « On écoutait avec approbation, mais en même temps avec un doute obsédant. Est-ce que les suggestions intelligentes et humaines seraient acceptées ? Dans le climat historique et idéologique actuel, pouvaient-elles seulement être entendues ?
La situation est-elle désespérée, comme le pensent tant d'intellectuels ? Non, bien sûr, si l'on a conscience des lois de l'évolution, si l'on renonce à la philosophie primitive du tout ou rien, de la « condition humaine immuable », « on ne se refait pas », « il n'y a rien de nouveau sous le soleil », etc. L'humanité change, lentement, progressivement, selon des lois sélectives. Il y a trente-cinq ans, un homme seul a, dans le silence de la méditation, découvert la science et la technique de l'adaptation dynamique au présent, de cette « harmonie universelle » rêvée par Leibniz, en un mot de la « sanité ». Aujourd'hui, environ cinquante mille hommes et femmes, dans vingt-cinq pays, travaillent à développer et à répandre ce système nouveau, qui permet de guérir la « névrose collective ». Quand ils seront assez nombreux, ils pourront modifier les institutions, lentement, progressivement. Ils pourront réformer l'éducation et produire ainsi des générations soustraites dès l'enfance à la névrose idéologique. C'est comme cela, et pas autrement, que procède l'évolution. Pas à pas, être par être, idée par idée, civilisation à civilisation.
« Nous vivons dans un monde, disait Bergson, où il faut attendre que le sucre fonde. » C'est une vérité majeure. Mais il n'est pas interdit de remuer la cuillère.
GABRIEL VERALDI.
I. Quelle formidable Machine que l'Homme, Planète 3.