Au vrai sens = sorcellerie. Mais il s'agit en général, d'une religion perverse, en tout cas rétrograde, rejetant l'essence cosmique ( = spirituelle) et déifiant le daimon planétaire. Dante plaçait celui-ci (Satan) au coeur du globe, très justement ! Si la sorcellerie proprement dite se classe plutôt parmi les sciences occultes (basées sur l'exploitation du tellurisme), le satanisme apparaît franchement comme une passion religieuse car son arcane est la haine — haine de toute hiérarchie cosmique. Le sataniste fera pacte avec les « ténèbres » = les enfers ou « fleuves » souterrains du tellurisme, le sombre empire de Satan où se désagrègent les ombres mortes. Il versera rituellement un peu de son sang, exprimant ainsi son renoncement à l'infini céleste ; le sang humain contient en effet une vertu cosmique. En somme, par ce renoncement aberrant, le sataniste perdra peu à peu le contact avec les éléments supérieurs de son âme, ceux qui échappent au géocentrisme. Il sera mort spirituellement et, si les choses vont loin, il se muera en zombi = en mort-vivant !
Le pacte avec Satan entraîne pour le psychisme une reconversion négative qui, dit la tradition, s'inscrit dans la peau sous la forme de taches, auxquelles les satanistes se reconnaissent entre eux. Voir Marques de la sorcière. A sa mort biologique (voir Mort), le sataniste se survivra parmi les ombres des enfers, avec l'illusion de régner sur un « asile d'aliénés » - c'en est un puisque les ombres mortes se décomposent aussi mentalement ! Il ne pourra se dégager des enfers : que par le retour à la terre, soit en se réincarnant en marout, soit en possédant un être faible. Cette forme de réincarnation anormale serait le choc en retour du satanisme. Le cinéma d'épouvante, surtout anglais, a fort bien décrit ce cercle vicieux. Dracula en est une illustration : un sataniste mort qui se prolonge biologiquement en vampirisant des humains. L'ultime souci des sorcières (= prêtresses de Satan), au moment de périr sur le bûcher, était de découvrir dans l'assistance une victime à obséder après décès. Dans l'Antiquité, la Thessalie fut épicentre du satanisme grec ; et celui-ci se prolonge encore dans un folklore de morts-vivants ou de morts non décomposés (des vampires) touchant les mêmes régions. A Rome, les satanistes se réunissaient dans les cavernes du mont Equillin ; leur science des poisons contamina la Florence des Médicis et, à travers ces princes, la cour des Valois. La reine Catherine de Médicis logera au Louvre le fameux Ruggieri, un authentique savant, mais dans un sens désastreux. De nos jours, la plupart des sectes dites sataniques, en Euramérique, ne sont en fait qu'un ramassis d'adorateurs du diable. Or, si Satan est vérité métaphysique, le diable n'est que phantasme ou névrose.