Parmi les diables et les démons, Satan désigne par antonomase l'Adversaire, l'adversaire aussi arrogant que méchant: Un jour comme les Fils de Dieu venaient de se présenter devant Yahvé, Satan aussi s'avançait parmi eux. Yahvé dit alors à Satan : D'où viens-tu? De parcourir la terre, répondit-il, et de m'y promener (Job, I, 6, 7).
Ce terme de Satan l'adversaire, notent les traducteurs de la Bible de Jérusalem, est emprunté, semble-t-il, au langage juridique (Psaumes, 109, 6, 7).
Le terme désignera de plus en plus un être foncièrement mauvais et deviendra un nom propre, celui de la puissance du mal. En fait le synonyme du Dragon, du Diable, du Serpent, autres désignations ou figures de l'esprit du mal. Satan tente l'homme pour le pousser au péché, comme le serpent de la Genèse.
Dans les traditions hermétiques, Satan est un autre nom de Saturne en tant que principe de la matérialisation de l'Esprit, c'est l'Esprit s'involuant, tombant dans la matière, la chute de Lucifer, le porte-lumière... Le mythe de Satan résume tout le problème de ce que l'on nomme le mal, qui n'est autre qu'un monstre neptunien. Son existence, toute relative à l'ignorance humaine, n'est qu'une déviation de la Lumière primordiale qui, ensevelie en la Matière, enveloppée en l'obscurité et réfléchie dans le désordre de la conscience humaine, tend constamment à se faire jour. Cette déviation, par les souffrances qu'elle entraîne, peut cependant être le moyen de reconnaitre la véritable hiérarchie des valeurs et le point de départ de la transmutation de la conscience qui devient ensuite capable de réfléchir purement la Lumière originelle (sENZ, 315 n, 417).
Pour les cathares, Satan est le démiurge, le créateur du monde. C'est lui qui apparaît et parle à ses prophètes; le Dieu bon, aucun regard ne peut l'apercevoir. Il existe sans doute des rapports entre la pensée des ascètes juifs du xii'siècle et la doctrine cathare, entre celle-ci et le Livre Bahir, à propos du rôle cosmique de Satan, ainsi qu'entre la démonologie kabbalistique et celle des cathares concernant les femmes de Satan. C'est surtout Lilith que la tradition retient comme femme de Satan. En dépit de contacts inévitables, les savants juifs de Provence avaient bien conscience de l'abîme qui les séparait des cathares à propos des démons et de ce monde mauvais, qui ne pouvait être l'oeuvre que de Satan (scHK, 250 s).