Pour Freud et consorts, Jésus était un paranoïaque (interprétant des signes comme prouvant le Royaume de Dieu). Jung réfute cette allégation en apportant l'argument de la réussite de Jésus dans le temps. Un paranoïaque aurait en effet échoué.
La psychanalyse freudienne établit une grille d'interprétation puis y calque les individus, qui sont alors mis en comparaison relativement à cette grille.
Jung prétend que c'est une erreur, car on juxtapose un même sens (conséquence de la sexualité infantile) à une foule de cas. C'est un délire d'interprétation, un complexe paranoïaque. Exemple : tout signe se rapporte au complexe d'Oedipe.
Freud répond en disant que l'interprétation du paranoïaque n'a de sens et de valeur que pour lui-même, qu'elle ne peut être portée à un plan universel et valoir comme loi de la nature. Elle ne traduit que la cohérence interne de la pensée qui l'a constituée.
L'interprétation du paranoïaque ne peut être généralisée.
Pour Jung, chacun construit sa propre réalité. Il n'y a pas de grille dogmatique pour comprendre les personnalités. Chacun interprète différemment. Il y a une diversité d'individus, de leur histoire, de leurs difficultés, il y a une diversité d'expériences, que chacun rencontre, et des troubles résiduels qui peuvent en résulter.
La règle de Jung : S'adapter à la personne pour lire l'interprétation qu'elle-même donne du monde. Alors la réponse du psychanalyste sera adaptée au problème de cette personne. C'est une méthode empirique contre une méthode dogmatique.
Jung, quand il demande à une personne de décrire son rêve, analyse déjà la façon dont cette personne donne un sens à son rêve. Ce en quoi elle parle déjà d'elle et de son mode de fonctionnement, d'interprétation du monde, sa cohérence propre.
La pathologie de l'interprétation interviendrait quand la personne ne vit plus que dans l'interprétation, sans vivre la chose. Exemple : l'érudit qui passe son temps à interpréter les Ecritures mais ne les vit pas. Dans une bonne interprétation, le sens, sa vérité, sera validée dans l'immanence, l'expérience inter-subjective, le réel. C'est ainsi qu'elle devient objective.
Illusion : le réel maintient la croyance fausse. Car on a trop mis de soi, de ses noeuds et de ses émotions.
C'est chercher un sens caché sous le sens apparent (parole d'un dieu, manifestation d'un signe, expression d'un geste, d'un mot : bref, tout ce qui peut avoir un sens pour un être humain).
Interpréter n'est pas un exercice de la mémoire, mais c'est partir de l'étonnement et de la rencontre et laisser en quelque sorte à l'intelligence sa liberté et son aptitude à saisir de manière intuitive ce qui se donne à elle.
Il faut toujours chercher à avoir un regard neuf, savoir se défaire des interprétations convenues (Ex : allégorie de la caverne). Alors l'intelligence est créative.