Buenos Aires, le 31 Aout 1994
[Manuscrit ]
A l'attention de Sandrine, Marie-Annick, Pierric, Alain et André,
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Pardonnez moi pour cette lettre collégiale non manuscrite, mais ayant décidé de l'adresser à chacun de vous, il m'a semblé plus pratique (compte tenu de sa longueur) de la taper à la machine. J'espère que vous ne me tiendrez pas rigueur de cette RAISON qui peut manquer d'ARDEUR.
Ne m'en veuillez pas non plus pour ce long silence, mais ces dernières semaines, je n'avais pas la tête à écrire. Cela fait 2 mois que la mère d'Ana Maria, porte étendart d'une armée d'hypocrites, me livre un modèle de guerre "feinte".
Notre retour en France, mes lectures impies (cf; collection Sator), l'évolution globale d'Ana Maria, nos absences à la messe, etc ... sont autant d'éléments, qui vont à l'encontre de la bonne morale bigote de ces gens là.
Ici, vous l'aurez compris, c'est d'une toute autre cabale dont il s'agit.
Comme si ce n'était pas suffisant, je me trouve en plus empêtré dans je ne sais quelle dette karmique angélique avec ces autres endiablés de l'immigration argentine.
Ils m'en font voir de toutes les couleurs les bougres.
A chaque RDV, ils repoussent les limites de l'incompétence avec une bêtise "HELAS TIC".
Après 7 mois et 40 jours d'attente, c'est avec une certaine bonne humeur que je suis allé retirer ma carte de séjour, sésame incontournable pour travailler. Tu parles, bernique...
Après 3 heures inter-"minables" de queue, debout, LA VIE DES SYMBOLES dans les mains, un des sbires du service d'immigration m'a fait savoir que j'étais bon pour 40 jours supplémentaires.
40 étant le nombre symbolique de l'attente, c'est plus qu'il n'en faut pour prendre tout cela avec philosophie. Mes coups de gueule vont d'ailleurs decrescendo, tant je commence à m'habituer au rythme de mon séjour argentin, marqué plus que jamais sous le signe de la patience.
Au delà de la gangue caractérisée par la fainéantise et la médiocrité de ces gens là, je crois deviner une de ces petites leçons "précieuses" que la vie vous donne, afin de s'enrichir intérieurement.
Quoi de plus normal en ARGENT "IN" !
N'est ce pas là, le clin d'oeil phonétique de ce pays "d'écueils" ?
Heureusement, face aux DIETES imposées par ces TIEDES, tu me serts, Chère Sandrine, une appétissante RAISON ARDENTE qui ETENDRA mes RAtIONS jusqu'à mon retour en France.
J'en profite pour vous informer qu'Ana Maria veut tenter l'aventure française pendant un an ou deux, et demande de ce fait, une mutation dans une filliale de sa boite qui vient d'ouvrir à Paris.
Si l'administration ne s'entête pas à me faire réciter "la table de 40", j'aurais tous les papiers en règles pour un éventuel retour en Argentine. Et cette fois, ce ne sera pas dans cette ville "azimutée" de Buenos Aires, mais plutôt au sud, dans un endroit à taille humaine. Pour le moment une seule chose est sûre; la date de notre retour en France est prévue pour le 12 décembre, soit 3 fois 40 jours...
Mais revenons plutôt à la RAISON ARDENTE qui vous anime tous: Sandrine, Marie Anick, Pierric, Alain, André et les autres...
Je ne tenterai pas de décliner les facettes de cet oxymoron par de jolies métaphores, car Sandrine l'a fort bien fait avec toute la sensibilité et le talent que vous lui connaissez.
Comprenez-vous pourquoi j'attends avec impatience le mois de décembre pour vous revoir tous, vous parler, vous QUESTIONNER, et vous exprimer ma profonde amitié ? Ne vous méprenez pas sur le retard de mon courrier car je pense souvent à vous.
D'ailleurs, comment pourrait-il en être autrement ?
Je me "livre" presque chaque jour avec le même plaisir à tes écrits inspirés André, et reste, depuis plus d'un an, toujours aussi bleuffé par le charisme de tes "PAN"-sées. Ce qui dans les premières semaines, risquait de n'être que l'excitation intélectuelle d'une curiosité en mal de nouveautés, s'est transmutée dans l'athanor de tes mots, en un coup de coeur assorti d'un profond désir de s'améliorer. Le plus difficile étant, vous l'imaginez, de tordre le cou aux vieilles habitudes.
Quand je pense à ton combat contre la tiédeur, comment ne pas t'imaginer, Cher André, dans la peau d'un personnage à la fois "DON QUI (chu)-CHOTTE" et "SANG CHAUD" ?
Un chevalier qui passe sa vie, cabbale en selle, à "croiser le FAIRE-BE" contre les "H"ommes; contre nous tous, ces ombres d'ANGEs, quotidiennement "déchus" de ne pas être des GEANts;
ces "grands" X solitaires, qui du haut de leurs "MOULES UN A PAS ROLES", te prennent pour un fou, tout en brassant le vent stérile de leurs pensées.
Mais qui est le plus fou dans l'histoire ?
Toi, ou nous, les dingues, les "ME-niés tu dors...", aveugles et sourds face à ce "Verse Eau", qui attend que nous nous édifions en de "VERS-ETATS-BLES MOULES-UNS A/O" (Adama\Osouema) !!!
En définitive, il ne tient qu'à nous de creuser dans tes livres et au fond de nous même, afin de permettre à ces deux rigoles d'alimenter nos moulinets.
Malgré le "barrage" de la langue, Ana Maria poursuit ses lectures avec ténacité, et chacune de ses questions est pour moi un test impitoyable.
Comment ne pas être lucide sur le chemin qu'il me reste à parcourir ?
Trop souvent, il m'arrive de bégayer des bribes mémorisées dans tes livres, faute d'articuler les fruits de mon assimilation.
Il y a au moins une chose que j'ai assimilé, c'est que tes ouvrages sont à chaque lecture, (et Dieu sait s'il en faut), une source intarissable de joie et d'humilité.
Aussi, jusqu'à preuve du contraire, sans recherche de son G (perdu) ou de sa G(lose), l'ANGE reste "braiement" un AN?E.
[Manuscrit ]
Mes chers amis, c'est par ce "HI HAN" que je terminerai cette "bafouille" en vous embrassant toutes et tous affectueusement ! (sans oublier celles et ceux dont j'espère faire conaissance en décembre).
A bientôt
Arnaud
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PS: Je crois deviner que vous m'attendez gentiment au tournant avec mes questions. De mon côté, c'est avec plaisir que je vous attends au suivant avec vos réponses.
Cette fois, j'ai pris soin, au fil de mes lectures, de consigner mes questions dans un carnet.
Cependant, les thèmes me semblent trop éclectiques pour être traités par écrit, dans les 3 mois qu'il me reste à passer en Argentine. Je vous propose donc, si vous êtes toujours d'accord, de venir vous rendre visite avec Ana Maria en décembre, afin d'avoir vos LUMIERES.
La sortie des MYSTERES DE MARIE est-elle toujours prévue pour la fin de l'année ?
[Manuscrit ]
PPs : 135 fois merci d'exister André !!
Reçois toutes mes pensées affectueuses.
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[Réponse d'André Bouguénec]
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