Le thème de l'enfer est d'une extrême rareté dans le Nouveau Testament. Dans leur ordre de composition, les premiers textes sont ceux de Paul, qui reste très discret sur le sujet. Idem dans les lettres de Pierre et les actes.
La seule expression commune entre Paul et Pierre, c'est la descente de Jésus au Royaume des morts entre le vendredi saint et le dimanche de Pâques. Mais le terme d'enfer n'est pas employé.
L'expression 'descente aux enfers' n'apparaît qu'en 359, et sera ensuite officialisée par son inclusion dans le Symbole de Nicée, au cinquième siècle.
Les Evangiles en parlent davantage. C'est un lieu géographique servant d'image : la Géhenne ('val du gémissement'). C'est un lieu maudit, site d'un ancien culte cananéen, où brûlaient autrefois des offrandes à Baal. Depuis le retour de l'exil, c'est une vaste décharge où brûlent en permanence cadavres d'animaux et immondices rongés par les vers et le feu.
Mathieu est plus prolixe : il parle de 'feu éternel', 'ténèbres extérieures', il mentionne les 'portes de l'enfer', et la 'Géhenne de feu'.
Ce sont d'abord les écrits apocryphes qui les décrivent. La réflexion apparaît dans un deuxième temps, chez les Pères, qui travaillent sur les données très hétéroclites. Aussi les divergences sont-elles considérables. Au Moyen-Age, les moines vont donner à l'enfer sa forme rigoriste et cruelle, en écrivant le récit de nombreux voyages aux enfers, dont certains prendront le statut de quasi-révélations. Ils vont notamment fixer la liste des péchés conduisant à la damnation.
Les écritures étant très vagues sur les souffrances de l'enfer, de nombreux écrits apocryphes, de style apocalyptique, vont combler ces lacunes.
Dès le deuxième siècle, ils deviendront une arme (celle de la peur), utilisée par les apologistes chrétiens.
Les Pères, quant à eux, ont des conceptions diverses. Le grand centre cosmopolite qu'était Alexandrie, verra dans l'enfer une notion symbolique et transitoire. Pour Clément d'Alexandrie, c'est une métaphore désignant le remords des damnés. Origène pense que cet enfer spirituel aura une fin, et que les démons et Lucifer seront eux aussi sauvés.
Au quatrième siècle, St Jean Chrysostome avance la conception que l'enfer est physique et éternel, et que 'tous les païens sans exception, y sont destinés, car n'ayant pas été rachetés par le baptême, ils ne peuvent faire que du mal'.
St augustin, au début du cinquième siècle, formule dans ses grandes lignes la version quasi définitive de l'enfer. Sont condamnés à l'enfer éternel tous les païens, victimes du péché originel, tous les enfants morts sans baptême, tous les chrétiens qui s'obstinent dans le péché.
Au début du cinquième siècle, St Jérôme est très hésitant et soutient des positions contradictoires, selon les besoins. Il peut parler d'un enfer très concret, et se montrer favorable aux positions d'Origène, en précisant qu'il n'est pas bon que le peuple y adhère et en ai connaissance. Lui a besoin d'un enfer éternel pour se maintenir dans le bien. 'Il faut maintenir dans la crainte ceux pour qui la crainte est un moyen de fuir le péché'.
C'est en 543 que les 'supplices éternels' sont mentionnés. En 1274, l'Eglise se prononce sur l'éternité des peines. En 1439, le dogme devient officiel.
Le purgatoire est inventé au douzième siècle.
La peur de l'enfer sera jusqu'au vingtième siècle l'argument ultime des autorités ecclésiastiques.