L'enfant cherche à apaiser un besoin d'aimer. Par la possession,  l'intérêt, la curiosité, etc. C'est instinctif. Ce qui va pouvoir  engendrer l'âme, c'est la générosité. On peut dire que c'est la  nourriture essentielle qui va engendrer l'âme, et enfin la  reconnaissance pour ce qu'on possède, et vouloir le redonner.
Le bébé n'aime pas. Il ressent le fait d'être aimé, et il aime cela. C'est le prototype de l'égoïsme, au départ.
C'est affreux de combler dès le départ un bébé, un enfant, parce qu'à ce moment-là l'égoïsme s'amplifie.
Il faut une certaine privation de contact avec la mère, hors les heures  fixes de repas, pour qu'il prenne conscience d'un besoin, mais qu'on lui  mesure, pour que ça devienne précieux.
Image de la séparation originelle.
De plus en plus il va trouver des déceptions, il ne reçoit plus cet amour en permanence. C'est la vie qui veut ça.
Question : A ce propos, tu avais dit précédemment qu'il fallait faire  attention aux visées de l'Etat quant aux colonies de vacances et autres  organisations de l'Etat (en se référant à un article de Ponge-Helmer),  et en insistant sur le fait que le couple c'était le foyer de la vie.  Qu'il était important de préserver l'enfant, de tout ce qui visait à le  séparer de son foyer. Mais dans un certain sens c'est indispensable.
Réponse : C'est indispensable… après qu'il ait bien compris la  primauté du foyer, l'amour du foyer, et en même temps la prévention  qu'on va l'envoyer en colonie de vacances par rapport à ce qu'il va  rencontrer chez les autres. Il faut qu'il garde sa petite morale, il  faut qu'il garde les leçons de fraternité, de service vis-à-vis des  autres en même temps que sa petite personnalité doit se développer dans  le fait de ne pas admettre de la part de ses petits camarades, telle ou  telle chose.
Donc l'extériorisation du foyer va être un exercice d'indépendance mais  discipliné par rapport au foyer où il a reçu déjà les leçons de société.  C'est important forcément. De toute façon il rentrera dans la société  plus tard. La colonie de vacances va être un avant-goût de cette  société.
Mais la forme socialiste dont parlait Ponge-Helmer, est de faire non  seulement la colonie de vacances, mais de coloniser la jeunesse. C'est  pas autre chose, aussi bien dans la façon scolaire que dans les  distractions, à ce moment-là tu fabriques des fonctionnaires et des  robots qui fonctionnent selon l'idée de l'Etat et non pas selon l'idée  divine, l'idée du foyer, c'est là le danger.
 
Quant au bébé : Etant sujet de plus en plus de déceptions quant aux  témoignages d'amour, l'enfant en comprend alors les valeurs. S'il reste  un égoïste, il en reçoit de moins en moins, jusqu'à ce qu'il comprenne  qu'il faut donner, s'intéresser aux autres comme il aime qu'on  s'intéresse à lui.
Les petites filles par exemple ont leur poupée et vont s'habituer à  s'occuper de leur poupée. La maman peut justement initier l'enfant à  partir de ça en disant "tu vois tu as une responsabilité qui représente  les enfants que tu auras plus tard mais n'oublie pas que tu as des  petites camarades vivantes qui ont besoin que tu t'intéresses à elles.
Il y en a qui sont beaucoup moins gâtées que toi, moins favorisées, donc  tu dois jouer à la poupée avec elles, c'est-à-dire un peu les materner,  les guider".
Alors tant qu'il ne se range pas dans la volonté, l'action de donner du bonheur, il ne sera pas heureux.
L'enfant doit apprendre à ranger ce qu'on lui apprend, les lois qui furent les siennes quand il était un ange.