J'ai lu dans un magazine : "J'ai l'honneur de ne pas te demander ta  main", dit un jeune homme à une jeune fille. Puisque maintenant ce sont  les couples libres de plus en plus. On se marie de moins en moins, on  divorce de plus en plus. Est-ce la fin du couple ? Non, c'est même  exactement le contraire. Je veux dire par là que jamais la jeunesse ne  s'est autant accouplée, si vous voulez. Seulement ça se découple autant  que ça s'encouple si on peut dire. Autrement dit ça tient pas toujours  très longtemps. Ça plait au départ et puis ensuite… La vie a été conçue  justement pour bâtir, et comme ni l'un ni l'autre ne veulent bâtir ou  faire des concessions, n'ayant pas toujours un objectif philosophique,  spirituel ou humaniste, il est évident que ça peut se déchirer.
En tout cas il y a de plus en plus de divorces, c'est-à-dire de divorces  de gens qui se sont mariés à la mairie et à l'église. Je suis allé la  semaine dernière à un mariage.
J'étais invité, je suis allé au bel hôtel  de ville de Carquefou. Le maire a lu simplement les articles du code  sur le mariage, sans micro, on entendait très mal. Il avait une  adjointe, qui a fait signé, bon, etc. Et puis en 5 minutes ça a été  liquidé. La mariée était belle, elle avait une belle robe blanche, les  invités étaient endimanchés, les femmes avaient mis de belles robes, et  puis voilà, ça a été balancé en trois coups de cuiller à pot. Et on a  été invité chez le marié, dans son jardin, à trinquer, à manger des  petits biscuits, et on est resté là plusieurs heures. On a l'impression  que c'était là que se passait la cérémonie parce que vraiment, à la  mairie – bon, c'était pas l'église, d'accord, chacun évidemment choisi  sa philosophie. A l'église, bon, il y a une cérémonie religieuse, cela  donne un peu plus de standing si on veut, pour les mariés et la famille,  et on en garde quelquefois un souvenir. Beaucoup de gens se marient à  l'église même sans pratiquer justement pour avoir ce souvenir d'une  cérémonie : "quand même ce jour-là, c'est magnifique". On fait une  promesse à un compagnon, à une compagne, pour la vie en principe. On  part à deux dans la vie au lieu de partir tout seul on ne sait pas où.  Donc c'est quelque chose d'impressionnant dont on aime garder les  meilleurs souvenirs et des souvenirs très sensibles.
Alors je suppose que dans d'autres mairie, - enfin je l'ai vu moi voir  le maire beaucoup plus affable, plus humaniste et inventer après les  articles du code un petit compliment aux nouveaux mariés, et même on  peut demander à un membre de la famille des mariés qui lisait quelque  chose par exemple sur le mariage, sur une poésie quelconque de l'amour  et autre. Ça donnerait quand même un petit standing à ce jour-là. Ce  serait facile à faire. Cela se fait à l'église.
Le mot mairie a donné maire, marier, c'est un anagramme de l'amour,  d'aimer. La mairie est le centre de la communauté. Une ville, en latin :  urb, urbis, c'était la communauté des hommes en communion axés sur la  direction de cette communauté et Rome est le symbole de la ville,  puisque les mots urbs et orbs sont identiques. "Dans Rome et hors de  Rome". Donc le maire doit honorer le couple qui va faire partie de cette  commune, de cette communauté. Et ce couple qui va proliférer, qui va  croître pour augmenter sa commune. J'estime que c'est le rôle du maire  d'honorer ce couple qui s'intègre dans le travail et dans le maintien de  cette commune.
C'est pas seulement une signature. C'est pas seulement entériner quelque  chose. A ce moment-là il n'y a pas besoin du maire. On va à la mairie,  on signe et on fout le camp. En blue jean et on en parle plus, voilà.  Même entre gens qui choisissent de vivre en concubinage, on invite la  famille, les amis, on fait un gueuleton. On marque le coup.
A plus forte raison si on est lucide sur le couple. Là il y a une soudure à faire, il y a une cérémonie à faire devant témoins.
En tout cas cette libération des jeunes par rapport aux mariages  officiels de l'Eglise ou de la mairie est une bonne chose dans le fait  qu'ils ont choisi la liberté de se choisir et de rester ensemble en se  moquant aussi bien d'un enregistrement légal ou de ce qui est entériné  par l'Eglise.
C'est pourquoi à présent certains couples se donnent eux-mêmes le sacrement de mariage. Le prêtre n'est là que pour bénir.
En tout cas dans votre entourage, quand vous parlez de cette union, et  bien c'est quelque chose de merveilleux. Ça doit être entériné par les  amis, la famille. Il faut marquer le coup. C'est un départ. J'appelle ça  une nouvelle naissance, une genèse. Car la véritable genèse, c'est  s'engendrer à deux. On ne s'engendre pas tout seul. Il faut le  complémentarisme de ce que représente une nature féminine, formidable,  et une nature masculine également formidable, à condition qu'il y ait  une volonté d'entente, une volonté de communier à deux dans quoi que ce  soit.
Parce que dites-vous bien que la société planétaire est liée au couple.  Car la cellule, la soudure de base d'une société, c'est pas l'homme,  c'est pas la femme, c'est le couple. Et ce couple si il ne sait pas  pourquoi il est homme ou femme, et où il doit aller, forcément toute la  politique d'hommes et de femmes qui ne savent pas qui ils sont, ça va  être de la merde, ça va être du chaos, forcément.
Et au même titre que dans le couple il doit falloir s'allier, s'accorder  et s'accorder veut dire corps, corps cordial, le coeur, au même titre  que ce couple s'accorde pour travailler en harmonie, l'ensemble des  couples de la société doivent travailler en harmonie pour ce corps, ce  grand corps que représentent tous les hommes et toutes les femmes.