Lettre à Jean Venture, lue en réunion.
Démontrer par les nombres, c'est prendre le problème à l'envers. Moi  je me sers de la science des nombres pour affermir une démonstration  linguistique, sémantique ou symbolique, ou des références littéraires.
La clé des nombres ce n'est pas la science des nombres, c'est d'abord  la science du Verbe. Le Verbe est langue avant d'être compté, avant  d'être mathématique. Il doit être salivé, mâché, préparé. Ensuite le  nombre apparait. Pourquoi ? Eh bien le calcul est une pierre sur  laquelle va s'asseoir et se stabiliser une signification en attendant de  changer de pierre, c'est-à-dire de siège.
A partir d'un mot, d'une idée, le nombre a une propriété, qui est  celle-ci : quand je dis le nombre, je veux dire la recherche numérique  dans le Verbe : alors que notre intellect s'évertue à des idées, à des  opinions, à une expression logique au sujet d'un cas quelconque. Il se  vide de ses idées, préconçues et se dévide. Alors nous sommes au bout du  rouleau.
Si nous excitons notre inspiration pour aller plus loin, que  faisons-nous ? Nous allons chercher ailleurs : références, auteurs,  notes, mémoire, etc. mais tout ça c'est du domaine de l'humain si je  puis dire. Nous sommes coupés de Dieu parce que nous sommes prisonniers  des idées qui nous imprègnent et nous impressionnent.
C'est alors seulement que la propriété de la science des nombres sur  le Verbe, va faire office de branchement artificiel sur l'inspiration du  Père. Tu as ex-piré, maintenant tu vas récupérer en inspirant,  c'est-à-dire en rentrant dans l'Esprit.
Exprimer c'est expirer l'inspiration. On s'oxygène en s'inspirant de  l'air de Dieu, de son souffle, ce serait trop facile et contre la Loi de  liberté de se dire "J'ai plus rien à dire, Père amène ta science".  C'est ce que Georges Roux a voulu faire. Les plus belles conneries de la  Terre sont sorties par là. Faire parler le Verbe, tu parles ! Sans  filtre, tout était bon. On a vu ce qu'il en a résulté. Alors vient le  moment de méditer.
Le Verbe avec ses atomes (c'est-à-dire le poids atomique d'un corps  ou d'un mot) : là les apparences sont respectées et Dieu peut parler. En  code toujours, en signe, en sémantique, significations à traduire. Car  enfin, Jean, la clé est donnée par l'électronique : le poste émetteur  code, le poste récepteur décode, transforme ou rétablit le texte ou  l'image originelle. Mais il faut un bon récepteur. Il faut savoir  rétablir les signes des impulsions dans l'ordre du programmateur  originel. Le truc est bon, car se faisant, Dieu nous force d'utiliser  notre liberté, notre [compétence ?], notre sensibilité à son souffle.
[Passage coupé pour raison de changement de cassette]
L'étude du Verbe par le nombre permet à Dieu de tricher, de souffler  une idée, puisqu'encore une fois les lois sont garanties par le fait  qu'on peut dévier, mal interpréter. Bref : la science des nombres doit  faire l'office des jeux de mots, de l'argot, de l'étymologie, etc.
Un nombre ne tombe jamais pile. C'est une multitude de significations  étrangères, car une multitude de significations étrangères le  parasitent et laissent liberté au critiqueur. Ils ont beau jeu,  forcément.
[Suit un exemple de deux démonstrations contradictoires sur un même chiffre].
Donc de tels antagonismes se prouvant par égalité numérique, se  désapprouvent. Il ne faut pas prouver le Verbe, l'idée par le nombre. Si  Dieu avait voulu prouver Sa Création, rien de plus facile.
Dès que tu crois bien faire par ce système, il t'enlève toute créance  ; mais le nombre s'enrichit de l'éventail de l'aire. Il assiste une  idée, un mot. Quand le mot et l'idée ont déjà fait leur office de  conviction.
Si le Verbe n'est pas dé-montré, le nombre est stérile, quel que soit  le recoupement plus ou moins formidable que nous lui attribuons.
"Au commencement EST la parole". Ce sont les choses qui dérangent  l'ordre infini des nombres entiers. Dès qu'on les énumère, qu'on les  mesure ou qu'on les pèse.
Comprendre c'est déchiffrer.
Or, pour parler nous dérangeons les lettres de l'alphabet. Mais ce  dérangement, grâce à l'esprit, fait d'heureux mélanges. La plus riche  parole c'est celle qui s'écrit avec 26 lettres (de A à Z). Pour la  dissiper de son ordre, on lui donne des ordres contraires.
Immaculée conception ? Ben, elle se fait violer. Adama Heva font des  miches. Et nous, flattés, on continue, on fait les "miches à elle". Ah,  la parole c'est "Marie-couche-toi-là". Elle est vraiment prostituée. Il  faut aimer cette samaritaine pour qu'elle ne reste pas stérile et que  nos caresses ne soient pas tellement pour la callipyge (belle fesse) que  pour la calligraphie... de Nom de Dieu. A travers toutes choses.
J'arrête ce très bref résumé de ma disposition vis-à-vis du nombre.  Mais je voulais revigorer ce que tu savais déjà : que la science des  nombres est une lame dont les deux fils sont extrêmement tranchants.  Plus une clé est bonne, plus une contre-clé est prête à s'opposer à  celle-ci.
Toute la prudence du serpent est nécessaire. En réalité il faut  charmer, plaire, faire aimer. Merlin n'est efficace qu'en-chanteur. Dieu  se fout bigrement qu'on croit en lui. Ah, c'est le plus grand coquet du  cosmique. Avant tout, qui aime son verbe. C'est la moindre des  civilités que de plaire avant de croire. Une fois qu'on aime, va  toujours faire entendre raison. "Le coeur a ses raisons que la raison ne  connait pas". Le peuple croit si facilement a tout ce qui lui plait.
Suffit de montrer que "vox", le Verbe, "populi" du peuple est celui de Dieu.
Amen.