SEPTANTE (Version des), ou simplement les Septante ; célèbre traduction grecque de l'Ecriture sainte, ainsi appelée parce qu'elle fut composée par septante ou septante-deux savants Juifs, appelés en Egypte par le roi Ptolémée Philadelphe, environ 300 ans avant Jésus-Christ. On dit que ces soixante et douze juifs, fort habiles dans la connaissance des langues grecque et hébraïque, furent choisis exprès dans toutes les tribus de la nation, et envoyés par le souverain pontife Eléazar au roi d'Egypte, qui désirait avoir une version grecque des livres sacrés des Hébreux. On ajoute que ces interprètes furent enfermés, par l'ordre de Ptolémée, dans l'île de Pharos, chacun dans une chambre en particulier, où ils travaillèrent sans pouvoir communiquer les uns avec les autres; qu'au bout de 7 jours, ayant achevé leur travail, on conféra les traductions les unes avec les autres, et on les trouva parfaitement conformes, non seulement quant au sens, mais sans la moindre variante dans les mots. Cette fable trouva des personnes qui y ajoutèrent foi, non seulement parmi les Juifs, mais même parmi les chrétiens et les Pères de l'Eglise, d'où l'on concluait que cette version était inspirée; mais saint Jérôme, saint Augustin et plusieurs autres démontrèrent que ce fait était apocryphe. Aristée dit même expressément que les Juifs firent cette traduction en conférant ensemble.
Quoique la traduction grecque de tous les livres de l'Ancien Testament porte le nom de Version des Septante, il est cependant plus que probable que les Septante n'ont traduit que le Pentateuque. La traduction des autres livres est évidemment d'une autre main, et s'éloigne beaucoup plus du texte original que celle des livres de Moïse. Cette dernière même n'est pas toujours conforme à l'hébreu, soit que quelques passages du texte se lisent actuellement d'une autre manière que du temps des Septante, soit que ceux-ci se soient trompés quelquefois, soit que leur version ait été interpolée dans la suite du temps; peut-être pour toutes ces raisons à la fois.
Ses défauts, si elle en a, n'intéressent ni la foi ni les mœurs, et cela suffit pour qu'elle ait été déclarée authentique par la Synagogue et par l'Eglise. Les apôtres l'ont sanctionnée en lui empruntant leurs citations de l'Ancien Testament; les Pères et les docteurs de l'Eglise l'avaient en grande estime, et en faisaient un grand usage; plusieurs même la préféraient au texte hébreu. L'Eglise grecque n'en emploie pas d'autre dans sa liturgie. C'est dans cette version que les gentils ont puisé la première connaissance de la loi mosaïque, et des prophéties concernant le messie; elle a ainsi préparé les voies à l'Evangile; en effet, nous voyons que les apôtres, dans leurs discours et dans leurs écrits, parlent aux Juifs hellénistes et aux païens comme à des gens qui avaient déjà connaissance des Ecritures. Presque toutes les versions anciennes, en usage dans les différentes communions orientales et occidentales, ont été faites sur la traduction des Septante; c'est ce qui est arrivé pour l'arabe, l'éthiopien, le copte, l'arménien, la version italique, le slavon, etc. Le syriaque est peut-être la seule version faite sur l'hébreu.