Expliquer la mort à quelqu'un en lui apportant une définition intéressante.
On pourrait dire que la mort et la naissance c'est un couple, une symétrie. Qui dit naissance dit mort. C'est la contradiction formelle, évidente. Naître c'est avoir la vie, et on naît pour mourir. Donc ça ne colle pas. Il y a quelque chose qui ne va pas.
Si vous parlez à un matérialiste, il faut lui montrer ce paradoxe inouï.
Vous faites un enfant ? Il va mourir. Mettre en vie, c'est diriger vers la mort.
Alors à quoi ça sert, puisqu'on va vers la mort ?
De plus la vie est courte. A 80 ans, on se dit : "qu'est-ce que c'est court".
Oui mais pendant qu'on nait et qu'on meure, la vie continue. La Terre est là, le Soleil tourne, les galaxies tournent, et puis nous on fout le camp.
Alors à quoi ça sert de naître si c'est pour mourir ?
Quand vous savez bien poser les problèmes, vous faites dresser l'oreille.
Donc il y a quelque chose, il y a un truc qu'il faut comprendre. Donc la mort c'est autre chose que la mort.
Pourquoi appelle-t-on les humains des mortels ? Pourquoi le mot "immortel" existe ? Quand un mot existe, c'est que quelque chose existe. Il n'y a pas de fumée sans feu. Donc l'immortalité peut exister. Et alors là vous démontrez qu'il y a des êtres immortels : l'amibe, par scissiparité, se multiplie en restant la même. Et s'il y avait une cellule primordiale, qu'on pourrait appeler Dieu ? Une cellule énorme qui détient tout. Justement en se séparant d'elle-même elle devient l'infini.
Et si justement nous étions ces cellules de scissiparité immortelles ? Alors on devient nous-mêmes immortels.
Seulement il y a des coupures dans le temps et l'espace, mais ce sont des coupures d'apparence, et pas forcément des coupures d'être.
Et c'est là qu'il faut passer du coq à l'âne en quelque sorte en posant la question : "mais au fond, ce qui meure, c'est notre corps, mais est-on sûr que la pensée meure, que ce qu'on appelle l'esprit dans l'homme, qui s'est enrichi pendant 80 à 90 ans, alors que le corps est usé, ne pouvant plus aller plus loin, mais que le cumul de cet esprit, de cette intelligence, de cette sensibilité est très important.
Mais ça tient pas debout, c'est aberrant.
Or, où mettez-vous l'esprit ? Qu'est-ce que c'est ? Vos impressions, où sont-elles ? Donc il y a quelque chose d'irrationnel dans l'humain qui en hypothèse peut ne pas mourir quand le corps meure.
Et si cela subsistait pour se réincorporer ailleurs ? Comment se fait-il que les langoustines, les homards, les crabes, les serpents, etc. changent de peau ?
C'est toujours le même serpent ou le même animal, qui change de carapace, qui change de peau.
Pourquoi pour nous, notre intérieur ne changerait pas de peau ?
Ah, je suis mal dans ma peau ! Changez donc de peau. Manque de pot ? Et une peau immortelle, pourquoi pas la toison d'or ? Qu'est-ce que c'est que la toison d'or ? Eh bien justement c'est ce qui rend immortel.
Comment se fait-il qu'il y ait des légendes, etc. qui parlent de ces choses ?
Comment se fait-il qu'après la mort d'un être cher, même si on ne croit pas à la vie après la mort, c'est tellement présent en soi ? Qu'on soit tellement sensible à cette présence alors qu'il n'y a plus rien ? Y a quelque chose quand même.
Voyez-vous il faut jouer sur la sensibilité des gens autant que sur leur intelligence. Mobilisez tout ça, entraînez à réfléchir. Pas à discuter, à réfléchir. C'est vous qui menez la discussion.
Après même s'il dit : "Bah, ouaip ! " Mais dans son pyjama, ça le travaille. C'est ça semer.