2° Chez les Hindous, une caste tout entière est consacrée aux fonctions sacerdotales : c'est celle des brahmanes ; cependant tout brahmane n'est pas prêtre, mais tous sont aptes à le devenir, et tous ont caractère sacré qu'ils doivent à leur naissance ; car qui que ce soit des autres tribus ne saurait jamais parvenir à cette dignité suprême. Cependant il y a dans l'Inde quelques divinités de bas aloi, adorées seulement par les castes inférieures, qui ont pour ministres de leur culte de vils soudras ; mais ces fonctions ne sont point considérées comme un sacerdoce, et les brahmanes ne les inquiètent nullement dans ce ministère, qui est à leurs yeux aussi méprisable que la divinité qui en est l'objet. Nous parlons fréquemment, dans ce Dictionnaire, du sacerdoce brahmanique ; voyez, entre autres, les articles BRAHMANES, BRAHMATCHARI, GOUROU, POUROHITA.
Nous ajouterons seulement ici que le brahmane se considère comme le maître de tout ce que renferme le monde créé ; c'est sa propriété, car il est issu de la plus noble partie de Brahma ; et s'il veut bien permettre que les autres hommes usent des choses de ce monde, c'est, de sa part, un acte de pure générosité. Il y a plus, c'est que les brahmanes se proclament hautement les dieux de la terre : ils se font un devoir, non seulement de s'isoler du reste du genre humain, mais encore de mépriser et de haïr de tout leur coeur les hommes que le hasard n'a pas fait naître leurs égaux ; ils se croient dispensés de faire paraître à leur égard les moindres sentiments de reconnaissance, de commisération ou de sensibilité. Suivant les livres sacrés, les plus distingués parmi les brahmanes sont ceux qui possèdent la science sacrée ; parmi les savants, ceux qui connaissent le mieux leur devoir ; parmi ceux-ci, ceux qui l'accomplissent avec exactitude ; parmi ces derniers, ceux que l'étude des livres saints conduit à la béatitude. Le brahmane étudie les Védas et les enseigne aux jeunes gens de sa caste ; il accomplit le sacrifice, ou dirige le sacrifice offert par d'autres ; il a le droit de donner et celui de recevoir ; mais ce qu'il a droit de recevoir consiste en des terres, des vaches, des étoffes, de l'or, etc. ; et les présents qu'il fait se réduisent à une pincée de fiente de vache desséchée, à l'eau qui lui a servi à se rincer la bouche ou à se laver les pieds, aux fleurs fanées qu'il retire de devant les statues des dieux, aux restes de ses repas, etc.