THOTH, personnage divin des anciens Egyptiens. Il était nommé diversement par les différents peuples. « Les Grecs, dit Philon de Biblos, donnent le nom d'Hermès à Thaut, que les Egyptiens appellent Thoth, et les Alexandrins Thoth. » C'est celui que les Latins nomment Mercure. Hérodote écrit son nom Theuth ; il dit que c'est lui qui inventa les lettres, distingua les voyelles des consonnes, les muettes des liquides, découverte, ajoute-t-il, qui doit le faire regarder comme un dieu ou comme un homme divin. Les autres historiens s'accordent à lui attribuer l'invention de presque tous les arts.
« Thoth, dit Lactance, remonte à la plus haute antiquité, et, quoique homme, il posséda toutes les sciences, ce qui lui mérita le surnom de Trismégiste, trois fois grand. » Il créa les différentes parties du discours, et imposa, le premier, des noms à un grand nombre de choses. Diodore de Sicile, Platon, Eusèbe, assurent qu'il fut l'inventeur des lettres et le premier qui écrivit des livres. Il trouva les nombres, les mesures, et réduisit l'arithmétique en un traité. Les Egyptiens publiaient qu'il leur avait enseigné la géométrie, qui leur était absolument nécessaire, ainsi que l'astronomie et l'astrologie ; ils ajoutaient qu'ayant observé le premier la nature et l'harmonie des sons, il avait composé la lyre.
Saint Clément d'Alexandrie parle du code de ses Ibis, confié à la garde des prêtres, et Elien le désigne sous la dénomination de corps de droit d'Hermès. On lui attribuait encore la création de la théologie, l'établissement du culte divin et l'ordre des sacrifices. Le recueil des rites était renfermé dans les livres de Thoth, déposés dans les temples, et les prêtres y trouvaient tout ce qui concernait la religion. Enfin, au rapport de Diodore de Sicile, les Egyptiens assuraient que les sciences, les institutions et les arts avaient été inventés par Thoth ou Hermès.
Plusieurs savants ont considéré Thoth, avec assez de vraisemblance, comme la personnification de l'invention des sciences, plutôt que comme un personnage réel. En effet, le mot Thoth paraît désigner une colonne égyptienne, et plusieurs auteurs anciens attestent que les sciences et les diverses connaissances humaines étaient gravées sur des stèles dans la terre sériadique ; peut-être faut-il lire siringique, mot qui exprimerait les cryptes ou allées souterraines, creusées aux environs de Thèbes et de Memphis.
Quoi qu'il en soit, les Egyptiens en firent le conseiller et le premier ministre d'Osiris ; c'est lui que ce dieu laissa pour aider Isis dans l'administration de ses Etats, quand il partit pour conquérir la terre. Et lorsque Osiris eut passé de la terre au ciel, Isis et Thoth lui offrirent des sacrifices, et instituèrent en son honneur des initiations avec des cérémonies secrètes et mystérieuses. C'était encore Thoth qui passait pour diriger l'envoi des hérauts en temps de guerre, les propositions de paix et les traités. En cette qualité on lui donnait pour symbole le caducée que portaient ceux qui étaient chargés de cette fonction, et qui faisait leur sûreté au milieu des ennemis. On dit aussi que ce dieu a établi le premier les mesures, les balances et tout ce qui sert à régler le commerce. Enfin, on le regardait comme l'ambassadeur des dieux, et un excellent interprète de leurs volontés et de leurs ordres ; c'est ce que signifie son nom grec Hermès. Les savants distinguent deux Thoth ou Hermès : le premier et le plus ancien, appelé trismégiste, ou trois fois très grand, inventeur de tous les arts, représenté par l'épervier ; et le second, appelé deux fois grand, son petit-fils, qui mit au jour les découvertes de son aïeul. Celui-ci était figuré par l'ibis, oiseau dont le pas gravé servait d'étalon métrique. Ce dernier portait le surnom de psychopompe, lorsqu'il remplissait la fonction de greffier dans les enfers.