FEMMES. I - Sous le rapport des fonctions sacerdotales, il est des religions qui en ont totalement exclu les femmes ; d'autres, au contraire, leur en ont confié une part plus ou moins grande.
1° Chez les Juifs, les fonctions sacrées étaient totalement interdites aux femmes ; cependant, plusieurs d'entre elles furent inspirées de l'esprit prophétique, et honorées comme prophétesses, entre autres Débora.
2° Dans l'EgIise chrétienne des premiers siècles, on créa exprès pour elles un ordre ecclésiastique, celui de diaconesses, qui leur donnait une certaine autorité sur les simples fidèles, surtout sur les personnes de leur sexe. C'étaient elles qui aidaient l'évêque et les prêtres, lorsqu'on administrait le baptême aux femmes ; il paraît même, suivant les constitutions apostoliques, que c'étaient elles qui oignaient de l'huile sainte le corps des femmes ou filles que l'on baptisait, après que le diacre avait fait sur celles-ci l'onction sur le front. Elles accompagnaient les clercs, toutes les fois que ceux-ci avaient quelque fonction à remplir auprès des femmes ; elles maintenaient l'ordre dans le temple, dans la partie réservée aux personnes de leur sexe, et apportaient aux diacres les offrandes de celles-ci avant l'oblation du saint sacrifice. Elles prenaient soin des veuves, des orphelines, de celles qui étaient pauvres ou malades, et instruisaient celles qui se disposaient an baptême. A cet effet, elles recevaient une espèce d'ordination, et prenaient rang immédiatement après les diacres, avant tous les autres clercs d'un ordre inférieur. Cet ordre subsista dans l'Eglise jusque vers le VIIIème siècle. Maintenant, il est totalement aboli, et les communautés religieuses actuelles n'appartiennent en aucune manière à l'ordre ecclésiastique. Voy. Diaconesses
3° Les musulmans, les parsis, les brahmanistes, les bouddhistes, et en général tous les peuples de l'Orient, chez lesquels les femmes sont dans un état de complète infériorité, n'admettent jamais celles-ci aux fonctions sacrées. Les Hindous ont, il est vrai, leurs dévadassis ; mais leurs fonctions se bornent à chanter, à danser dans les temples, et à faire le métier de courtisanes
4° Le paganisme des Grecs et des Romains est, sans contredit, le système religieux qui a fait aux femmes une plus large part dans les fonctions sacerdotales. Nous ne les voyons pas, il est vrai, remplir les fonctions de sacrificateurs, qui en effet, ne convenaient pas à leur sexe ; mais nous les voyons prendre part et présider à une multitude de cérémonies religieuses; un grand nombre de temples n'étaient desservis que par elles ; c'étaient elles qui rendaient les oracles dans les principaux sanctuaires. Voy. prêtresses, vestales.
5° Il en était à peu près de même du druidisme ; chez les Gaulois les prêtresses étaient vénérées à l'égal des prêtres ; plusieurs même d'entre elles passaient pour avoir un pouvoir bien supérieur à celui des pontifes même de la religion, et étaient l'objet d'une vénération beaucoup plus profonde. C'est pourquoi elles subsistèrent plus longtemps que les Druides. Voy. DRUIDESSES, FEES.
6° Les Scandinaves avaient leurs prêtresses consacrées au culte de la déesse Frigga. Voy. Gydior
7° Les peuplades de l'Afrique et de l'Amérique, et de l'Océanie, ne paraissent pas avoir associé généralement les femmes aux cérémonies du culte ; il faut en excepter toutefois les Péruviens, chez lesquels les vierges du soleil remplissaient des fonctions analogues à celles des vestales chez les Romains.
II. Le poète philosophe Simonide nous a laissé une description assez singulière de la création de la femme, dans laquelle il cherche à rendre raison de la différence de caractère qui existe dans les personnes appartenant à ce sexe : « Au commencement, dit-il, Dieu créa les âmes des femmes dans un état séparé de leurs corps, et les tira de différentes matières.
« Il forma les unes de ces ingrédients qui entrent dans la composition d'un pourceau. Une femme de cet ordre est sale dans sa maison, et goulue à sa table : elle est malpropre dans ses habits et dans sa personne, et la maison qu'elle occupe a tout l'air d'une écurie.
« Il tira une deuxième sorte d'âmes féminines des matériaux qui servent à former le renard. La femme qui en est pourvue a de l'esprit et du discernement ; elle connaît le bien et le mal, et rien n'échappe à sa pénétration. Dans cette classe quelques-unes ont de la vertu et d'autres sont vicieuses.
« La troisième sorte fut prise des particules canines, et les femmes qui la reçoivent sont celles que nous appelons communément grondeuses, c'est-à-dire qu'elles imitent les animaux dont elles sont tirées, qui aboient sans cesse, grondent contre tous ceux qui les approchent, et vivent dans une criaillerie continuelle.
« La quatrième fut prise de la terre ; celle-ci anime les paresseuses qui vivent dans l'ignorance et l'inaction, qui n'abandonnent pas leur foyer de tout l'hiver, et ne se portent avec ardeur qu'à la table.
« La cinquième fut tirée de la mer ; celle-ci produit ces humeurs inégales, qui passent quelquefois de l'orage le plus terrible au calme le plus profond, et du temps plus sombre au plus beau soleil du monde. Un inconnu qui verrait une de ces femmes dans sa belle humeur, la prendrait pour une merveille de la nature ; mais qu'il attende un moment, ses regards et ses paroles changent tout d'un coup, elle ne respire que la rage et la fureur ; c'est un véritable ouragan.
« La sixième est composée de ces ingrédients qui servent à former l'âne ou une bête de somme. Ces femmes sont naturellement d'une paresse extraordinaire ; mais si leurs maris viennent à déployer leur autorité, elles se contentent de vivre fort maigrement, et mettent tout en usage pour leur plaire.
« Le chat fournit les matériaux pour la septième espèce ; elles sont d'un naturel mélancolique, bizarre, chagrin, et toujours prêtes à égratigner leurs maris. D'ailleurs cette espèce de femmes est sujette à commettre de petits larcins et des friponneries.
« La jument avec sa crinière flottante, qui n'avait jamais subi le joug, servit à la composition de la huitième sorte ; celles-ci, qui n'ont que peu d'égards pour leurs maris, passent tout leur temps à s'ajuster, à friser leurs cheveux et à les orner de fleurs. Une femme de cet ordre est un objet fort agréable pour un étranger, mais fort ruineux pour le possesseur, à moins que ce ne soit un roi ou quelque prince qui s'entête d'une pareille poupée.
« La neuvième a eu son extraction du singe ; celles-ci sont laides et malicieuses. Comme elles n'ont rien de beau, elles tâchent de noircir et de tourner en ridicule tout ce qui paraît tel dans les autres.
« Enfin, la dixième et dernière espèce a été prise de l'abeille, et bienheureux est l'homme qui en trouve une de cette origine : elle n'est entachée d'aucun vice, sa famille prospère et fleurit par son économie ; elle aime son mari et en est aimée ; elle élève une race de beaux et vertueux enfants ; elle se distingue de toutes les autres de son sexe ; elle est environnée de grâces ; elle ne se trouve jamais avec les femmes d'une vie déréglée, et ne perd point son temps en vain babil : elle est ornée de vertus et de prudence. C'est, en un mot, la meilleure femme que Jupiter puisse donner à l'homme. »
Est-ce une boutade de Simonide ? est-ce un apologue ? est-ce une donnée philosophique ? Nous ne décidons pas ; mais il est clair que le poète eût pu exposer la création de l'âme de l'homme presque dans les mêmes termes.
On sait que les femmes n'ont jamais eu une part plus belle dans la société qu'en Occident, surtout depuis l'introduction du christianisme. L'Orient, comme nous l'avons déjà dit, regarde les femmes comme infiniment inférieures aux hommes ; et dans les îles de l'Océanie, elles gémissent littéralement sous l'absurde interdiction du tabou. Mais aucun peuple, peut-être, n'a professé pour les femmes un plus profond mépris que les Juifs. Nous ne parlons pas des Israélites anciens ; car, dans la Bible, les femmes ont une position assez belle ; mais les Juifs du moyen âge, imbus des rêveries du Talmud, se sont plus à rabaisser ce sexe au-delà de toute expression, non pas qu'ils les eussent maltraitées ; nous voyons au contraire qu'ils avaient d'elles un grand soin, qu'ils les aimaient même tendrement ; mais il semble qu'ils aient pris à tâche de leur faire comprendre qu'elles étaient d'une autre espèce que les hommes, que l'homme était leur fin dernière, en un mot, qu'elles étaient pour lui comme un meuble, meuble précieux, il est vrai, mais enfin un pur meuble. Ainsi, tandis que les rabbins comptent pour les hommes 248 préceptes impératifs, ils n'en reconnaissent que trois pour les femmes, qui sont : 1° de prévenir leurs maris quand elles ont leurs règles, et de ne point s'en approcher ensuite qu'après s'être baignées ; 2° de faire, en achevant de pétrir le pain, un gâteau qui, autrefois, était offert au sacrificateur, et qu'on brûle aujourd'hui ; 3° d'allumer la lampe le vendredi soir pour la nuit du sabbat. Il semble ainsi qu'elles soient dispensées de tous les autres préceptes religieux.
On lit aussi cet apologue peu galant dans les livres rabbiniques : « Dieu ne voulut point d'abord créer la femme, parce qu'il prévit que l'homme aurait bientôt à se plaindre d'elle. Il attendit qu'Adam la lui demandât, et celui-ci n'y manqua pas, dès qu'il eut remarqué que tous les animaux paraissaient devant lui deux à deux. Dieu prit, mais en vain, toutes les précautions possibles pour la rendre bonne. Il ne voulut point la tirer de la tête de l'homme, de peur qu'elle n'eût l'esprit et l'âme orgueilleux et évaporés ; mais ce malheur n'en arriva pas moins, et le prophète Isaïe se plaignait, il y a déjà bien longtemps, que les filles d'Israël allaient la tête levée et la gorge nue. Dieu ne voulut pas la tirer des yeux, de peur qu'elle ne jouât de la prunelle ; cependant Isaïe se plaint encore que les filles de son temps lançaient des œillades séductrices. Il ne voulut point la tirer de la bouche, de peur qu'elle parlât trop ; cependant il n'est jusqu'ici aucune puissance qui ait su mettre un frein à sa langue, ou une digue au flux de sa bouche. Il ne la prit point de l'oreille, de peur qu'elle ne fût écouteuse ; cependant il est dit de Sara qu'elle écoutait à la porte de la tente de son mari, afin de surprendre le secret des anges. Dieu ne la forma point du coeur, de peur qu'elle ne fût jalouse ; cependant combien de jalousie et d'envie déchire le coeur des femmes et des filles ; Il ne voulut point la former des pieds ni de la main, de peur qu'elle ne fût coureuse, et que l'envie de dérober ne lui vînt ; cependant Dina courut et se perdit, et, avant elle, Rachel avait dérobé les dieux de son père. Bref, il eut beau choisir une partie honnête et solide de l'homme, d'où il semble qu'il ne pouvait sortir aucun défaut, la femme ne laisse pas de les avoir tous. »