"L'article" d'Arnaud Mussy
Arnaud Mussy doit lire un compte-rendu de "lecture".
Texte complet de son intervention avec la réponse d'André.
M.A. : Arnaud
André : Arnaud, il est prêt, il a fini son article, oui ?
Pascal M. : Il a pas fait d'article hein.
Arnaud Mussy : En préambule, j'avais fait un texte sur la Mère suprême, mais qui s'est avéré tellement indigeste que j'ai annulé (rire) au dernier moment. Donc je me suis acheté ce livre qu'est La Mort intime, de Marie Hennezel, qu'est à l'heure actuelle un best-seller, j'crois dans la classification de l'Express, qui m'a été conseillé par mon frère, qui a déjà lu André.
Alors bon j'ai terminé ce livre hier, donc je n'ai pas encore beaucoup de recul dessus. j'vais vous jeter de façon la plus claire possible j'espère, ce que j'y ai lu, ce que j'y ai compris et toutes les émotions qui s'en dégagent.
Alors tout d'abord Marie de Hennezel est une psychologue psychanalyste qui travaille dans une unité de soins palliatifs, dans un hôpital parisien et qui a pour spécificité de travailler par l'haptonomie, c'est-à-dire une sorte de technique tactile affective. Pourquoi ? Parce que dans les hôpitaux en général, on se rend compte que (rictus) les malades souffrent d'une incommunicabilité, et sont un peu livrés à eux-mêmes comme des numéros, et comme toute notre vie on doit apprendre à vivre, c'est c'que André nous enseigne, mais aussi apprendre à mourir, ça fait partie de ce fameux postulat, que lorsqu'on nait, la seule chose dont on soit sûre, c'est qu'on va mourir. Donc on a toute la vie pour s'y préparer aussi bien sur le fond, que sur la forme.
Alors dans cette unité de soins palliatifs on rencontre qui ? Des gens qui sont condamnés par la médecine, qui n'ont qu'une chose, ils attendent qu'une chose, c'est de ne plus souffrir. Parce que bien souvent on a plus peur de la souffrance que de la mort, et donc ils sont là pour être accompagnés. Accompagnés médicalement et surtout sur le plan humain, donc il y a toute une unité de médecins, d'infirmières, qui est là pour les aider à mourir et surtout qui s'offrent (rire) qui se proposent d'être une écoute à n'importe quel moment.
Et donc cette histoire, c'est une histoire, si je peux faire une comparaison, c'est une sorte de visite guidée dans un couloir où il y a plusieurs chambres, où chaque visite est une rencontre avec un malade, qui a ses problèmes, ses névroses, ses espérances et ses charismes aussi.
Et Marie de Hennezel à chaque fois nous présente des malades de tous âges, avec des maladies très différentes, avec ceux qui pensent, déjà, qu'ils sont condamnés, avec ceux qui le savent, déjà, dans leur for intérieur, mais ne veulent pas l'admettre.
Et le point fort de ce livre (sourire), c'est que à travers cette haptonomie donc qui est cet accompagnement tactile fait de câlins, de caresses, qui est très important, c'est une communication donc par les sens, mais également cette présence, c'est une communication une personne comme Marie de Hennezel s'assied au bord du lit, et est disponible pour les malades.
Pourquoi ? Parce que ces malades en général, ils souffrent de quoi ? Ils souffrent du concept de la mort, qui est tabou dans la société, et également vis-à-vis de l'équipe médicale pour qui c'est un échec.
Donc ils sont face à un trou béant de communication également vis-à-vis de leur famille. Parce qu'à chaque fois on leur dit quoi ? "Tu vas t'en sortir, mais non tu ne mourras pas".
Donc ce qui est décrit par Marie de Hennezel, c'est que ces gens ont besoin de dire qu'ils vont mourir. Et une fois qu'ils l'ont eux-mêmes traduits, et qu'ils l'ont formulé, ils sont complètement déstressés, en général, et donc la personne qui a du mal à le dire est aidée de façon tactile par ses sens, parce qu'elle retrouve par cet accompagnement ce qu'elle a vécu dans sa propre enfance avec sa mère, donc ce câlin, et une fois qu'elle a passé ce cap, elle a l'oreille d'une psychanalyste et du psychologue, qui est une oreille attentive sur tous les mots qui vont être dits.
Et on se rend compte à ce moment-là que toutes les personnes, une fois qu'elles se sont livrées, se trouvent dans un comportement avec un comportement qui est extrêmement différent. C'est-à-dire que à cette aube, à cette fin de vie, cet humus, finalement ils sont venus sur Terre pour acquérir cette humilité, et qu'ils soient riches, pauvres, puissants ou pas, on trouve toujours cette constance ou avant de mourir il y a cette humilité qui est presque comment dire, éclairée. Où ils se disent que finalement cette mort qu'on voit un petit peu comme une fin en soi n'est qu'un passage, et ils ont du mal à le traduire mais ils sentent qu'il y a quelque chose d'extrêmement puissant derrière.
Et c'est ça qui ressort à travers tous les témoignages.
Et pour conclure, je dirais que ce qui est extrêmement fort, et qui ressort de la part de Marie de Hennezel, c'est que on est tous quelque part un peu mort dans nos choix, dans notre non évolution, dans nos égoïsmes, dans notre non communication avec les gens, et finalement nous sommes tous des morts au sens figuré, et à travers ces gens qui vont mourir au sens propre, ils nous donnent une leçon de vie parce que on se rend compte que tout ce qui pollue nos journées, notre vie quotidienne est complètement dérisoire.
Et c'est à ce moment-là quand l'homme a atteint cette humilité avant ce passage, qu'il commence à devenir un homme avec un grand H et un dieu peut-être entre guillemet avec un tout petit d. On sent déjà ce passage également dans sa (terminologie ?). Voilà.
M.A. : Merci. Très bien expliqué.
Clap clap clap
M.A. : Est-ce qu'elle est croyante Marie de Hennezel
Mussy : A travers ce que j'ai pu comprendre elle a lu Guénon, elle a lu Blavatsky, etc. je pense qu'elle a une vision assez tibétaine de la mort, donc je pense qu'elle croit en la réincarnation, qu'elle croit en tous ces mécanismes, mais je crois qu'elle croit en une force spéciale après la mort, mais je ne sais pas si elle la nomme "dieu" ou autre chose.
Mais moi ce que je compte faire c'est écrire à l'éditeur et lui envoyer le premier chapitre de Couple et alchimie sur la mort. Je comptais lui envoyer en photocopie.
André : Bon, moi j'ai fait près d'une semaine à l'hôpital, et j'ai fait le contraire, je me suis pas fait consoler, c'est moi qui ait consolé, les infirmières. Elles sont habituées à voir évidemment des patients qui sont souffrants, qui sont rébarbatifs souvent, qui souffrent et qui évidemment n'ont pas la sérénité pour correspondre avec elles.
Et puis elles ont un travail extrêmement ingrat. Il y a environ trois équipes. Deux de nuit une de jour. Et je dis bon de toute façon combien parmi les gens que vous visitez sont près du départ, etc. et ceux qui sont chrétiens, encore, ont un espoir. Mais ceux qui n'ont rien... C'est là qu'il faut leur apporter une consolation ou quelque chose.
Il m'est arrivé d'aider plusieurs personnes à mourir. Dont une petite jeune fille, dont la maman de François Rotureau, que certains connaissent. Lui il était désemparé et il adorait sa mère. Il s'était pas marié d'ailleurs à cause de cela.
Il m'avait dit, "je sais pas comment faire", elle parle plus, j'ose pas lui parler. Tu veux pas t'occuper d'elle."
J'ai dit, bon bin allons-y. Elle s'appelait Marthe.
On se fréquentait fréquemment avec les Blassel, etc.
Ah je lui ai parlé, comme, presque à une enfant.
J'ai dit ben ma p'tite Marthe, tu vois, t'as bien travaillé toute ta vie, t'as élevé un garçon qu'est très bien, et puis bon bin, tu vas terminer ton chemin, comme tout le monde, alors tu te prépares. Eh bien si tu veux on va préparer ce passage ensemble. C'est rien du tout tu vas voir.
Et je lui ai appris à prier, j'ai prié avec elle, etc. et elle s'est détendue.
Evidemment j'ai eu une conversation un peu plus longue.
Elle s'est vraiment détendue et le lendemain elle est partie presque en souriant etc.
Alors François m'en a toujours exprimé une grande reconnaissance.
Et puis d'autres que j'ai vu, messieurs ou femmes.
Et malheureusement on s'aperçoit que les familles ne savent pas préparer leurs patients à un départ, ou même à une souffrance ou même à une opération grave. Et c'est dommage.
Je pense que la jeunesse qui est très sensible, à l'école on pourrait leur enseigner justement à savoir consoler les membres de leur famille, qui sont douloureusement éprouvés.
Et j'ai appris, et il faudra que je vous apprenne un jour à imposer les mains et à éventuellement à faire des guérisons, mais j'ai vu des petits enfants, qui après m'avoir vu faire, imposaient les mains, et puis de tout leur coeur, les yeux fermés, hein, ça y allait.
C'est extraordinaire à voir.
Mais comme disait Monique aussi tout à l'heure, l'attouchement est extraordinaire aussi dans le fait de ce contact humain avec quelqu'un qui est déjà séparé de l'humanité, ou qui est mal compris, qui se sent étranger à la compréhension de ses problèmes. Tenir la main, prendre son bras, un câlin sur la joue, mettre la main sur le front et pourquoi pas en partant un baiser sur le front. Et cela fait beaucoup de bien à ces gens-là.
Alors la préparation de la mort c'est important. En Amérique il y a des instituts pour les cancéreux où on les prépare, consciemment à passer, etc. et dans cet ensemble communautaire, eh bien c'est presque avec sérénité qu'ils attendent l'heure. Voilà.
Cassette H23 A
***
L'analogie avec André se fait via le Phare-ouest, qui va, par ce travail, commencer à classer André, malade et se sachant sur la fin, puisqu'à la fin, on apprend qu'on est "tous quelque part un peu mort".
Le préambule comme "digestion"
"Maison de mort" : section d'une prison réservée aux personnes en attente d'exécution.
Arnaud Mussy nous explique son "préambule" : ce qui renvoie au contexte de tout ce qui va suivre, y compris "l'explication" de son travail, incluse en ce préambule, une forme de chance, d'avoir trouvé ce "livre" pour remplacer un autre texte, qualifié de "travail indigeste", parce que : portant sur la Mère Suprême.
Tout n'est ici que texte. Le premier rimant alors plutôt comme malchance, car une "indigestion" est presque toujours une mauvaise surprise.
Ce préambule amène l'élimination d'un problème : un travail indigeste, mais renvoyant immédiatement à une image : le caractère "tellement indigeste" de la Mère Suprême elle-même, devenant la raison d'un remplacement "spontané", car "annulé au dernier moment" pour préférer un achat ("hasardeux"), c'est-à-dire une action chanceuse dans le monde profane.
Ce remplacement "spontané", c'est le remplacement du coeur, qui tranche et rejette avec courage, c'est-à-dire cruauté, ce qui ne sera pas "digeste".
De la lourdeur à la légèreté, un rapport de proportion est alors instauré, et une proportion, c'est une raison, une comparaison. L'infini devenant alors sujet de re-jet.
Mais action chanceuse bien inspirée, montrant comme un signe de capacité magique, qu'Arnaud Mussy détient la clé de l'information toujours adaptée, mais passant de la chance (le hasard comme cause), au calcul opportun (tellement... lourd... annulation... dernier moment), faisant de la Mère Suprême, le simple X d'une force pouvant être éliminée... tout en conservant son nom.
La contradiction est alors implantée dans l'affirmation. Ce qui définit un virus, dont l'évolution suivra.
Cette force est confirmée par la suite immédiate : "Alors bon j'ai terminé ce livre hier, donc je n'ai pas encore beaucoup de recul dessus. j'vais vous jeter de façon la plus claire possible j'espère, ce que j'y ai lu, ce que j'y ai compris et toutes les émotions qui s'en dégagent."
Comment la lecture d'un livre, portant cette fois sur la mort, "terminé hier", peut-elle être, cette fois : digérée, puis "jetée" ? Parce que son sens est rationalisé, géométrisé, par une pensée qui de ce fait, peut être rapide.
Ce "jet", c'est la nouveauté qui sortira de ce raisonnement, pour un re-classement des phare-ouestiens.
La seule "émotion" dont il fera preuve durant sa lecture, sera celle exprimée par ses rires et sourires, pour exprimer la fête, quand il rejette, spontanément.
Analyse
"Tout d'abord", l'image est placée et verrouillée dans notre cerveau : une "unité" logique et mentale de laquelle on ne sortira pas, et en laquelle on va à présent pouvoir naviguer.
"Alors dans cette unité de soins palliatifs on rencontre qui ?" Débute le second paragraphe, nous incitant, par la question, à imaginer de l'information : "qui".
Cette ren-contre, c'est un débat.
Ce sont des individus qui sont eux-mêmes classés selon leurs caractéristiques mentales, puis "numérotés" mais aussi placés dans un "couloir". Ce couloir les classant selon leur capacité de... communication, pour vaincre... dans le débat.
Les uns ne le pouvant pas, contrairement aux autres : ceux qui suivent le "point fort". Ce "point" c'est celui qui décide, le "point de non retour".
Le mot "couloir" est issu de "couler", au sens de se déplacer en pente ou vers le bas ; se déverser d'un mouvement continu ; glisser, tomber en glissant. Du latin colare : (« passer, filtrer, épurer »). Colum : passoire, tamis, crible. On parle bien d'un jugement, d'une séparation. Le mot "crible" étant de la même étymologie que "secret" et "discrimination" dans le sens de mise à part, de séparation.
En ce couloir, ces "numéros" sont "VISItés" (= vus), par les "scientifiques". Leur nombre est donc limité. Il y aura du déchet : celui des faibles, qui n'auront pas "écouté" le "point fort" : Marie de Hennezel, elle-même "part" du mental d'Arnaud Mussy.
Quel est ce problème de communication ?
C'est le problème de ceux qui parient sur le temps, à qui la "famille" va parler, par des mots transmis héréditairement. Ce sont les mots du verbe incarné, empêchant, aux yeux du rationaliste Arnaud Mussy, de communiquer.
Ceux qui pourront communiquer seront ceux qui pourront "traduire" ses termes dans un sens mathématique, ceux qui sentiront d'abord ce sens, intuitivement, et qui par analogie, finiront par "comprendre" : "ils ont du mal à le traduire mais ils sentent qu'il y a quelque chose d'extrêmement puissant derrière."
"Puissance", que paradoxalement ils appréhenderont en devenant "humbles". Ces mots de puissance, ce sont les mots de la rationalité, qui permettent de vaincre dans ce débat, tout en parlant aux deux camps (couloirs) à la fois.
Les uns étant déprimés, les autres ressentant une force.
Les déprimés ne comprenant pas comment leur propre langage les met en accusation, en séparation, puisque ces fidèles du verne incarné, de leur "famille", ne sont pas "humbles".
L'accusation étant imparable, ils sont ainsi détruits par leurs propres mots.
"Pourquoi ? Parce que dans les hôpitaux en général, on se rend compte que (rictus) les malades souffrent d'une incommunicabilité".
C'est l'incommunicabilité des mots de la chair, des individus se construisant par eux-mêmes, caricaturés comme égoïstes et incapables de rentrer dans le débat, faute de ne pas parler le langage des "simples", ou plutôt simplistes.
Alors il "ne savent qu'une chose" : "ils vont mourir"... mais certains souffrent plus que d'autres d'un problème de parole (de "communicabilité"). C'est ce problème qui sera la clé de leur "survie" : "être à l'écoute de tous les mots", après avoir compris que leur problème était un problème linguistique de "traduction", de compréhension matérialiste du langage parlé par Arnaud Mussy.
Ici on trouve le dilemme classiquement posé par Arnaud Mussy, en chacun de ses propos (verrouillés eux aussi) : tous meurent, mais certains survivront plus longtemps que d'autres : ce sont ceux qui acceptent avec "humilité" (ceux qui parlent le langage de la simplicité, des lois simples de la matière) de se "livrer" au "point fort", et "être à l'écoute de tous les mots", de celle qui détient l'information ("on sait tous que l'on va mourir"... mais une seule détient le "geste" du salut). Ceux-là, acceptant de se taire pour survivre, seront censurés, et même auto-censurés ("livrés à eux-mêmes"). Les autres seront éjectés, ne passeront pas cette "fin de vie" sociale, puisque le "futur" est uniquement applicable dans la matière.
Ce qui permet de comprendre cette belle poésie comme l'image d'un programme bien concret pour les phare-ouestiens :
"Et pour conclure, je dirais que ce qui est extrêmement fort, et qui ressort de la part de Marie de Hennezel, c'est que on est tous quelque part un peu mort dans nos choix, dans notre non évolution, dans nos égoïsmes, dans notre non communication avec les gens, et finalement nous sommes tous des morts au sens figuré, et à travers ces gens qui vont mourir au sens propre, ils nous donnent une leçon de vie parce que on se rend compte que tout ce qui pollue nos journées, notre vie quotidienne est complètement dérisoire."
La "conclusion" étant celle de "JE" qui parle à présent, et exprime, donc maitrise la "force" de toute cette pseudo-logique. Marie de Hennezel s'y révèle ventriloquée, dévorée : elle n'est qu'une "part" mais "dite" par "JE", qui donne la mort. Mais que chacun choisit : "dans nos choix". L'égoïsme déterminant ce choix : le manque de coeur, confirmant l'inéluctable dégout de soi, qui touchera ceux qui "ne communiquent pas", ne "participent pas" de "l'unité" : ils se rejetteront eux-mêmes, ne parleront pas, même s'ils voient que le but de cette "conclusion" n'est pas un but spirituel". Ceci par la peur de la belle "unanimité" qui sortira des cerveaux empoisonnés par cette pure image chiffrée, cette idéo-logie au sens étymologique, facile à apprendre par coeur, et à débiter comme on peut ânonner des slogans politiques.
D'où : "finalement" (conclusion rationnelle, nouvelle)... "nous sommes tous des morts au sens figuré", qui seront sauvés par cette image amenant une loi nouvelle : "ils nous donnent tous une leçon de vie". Autrement dit de survie dans la nouvelle société (bientôt appelée "Néo-Phare").
"Parce que on se rend compte que tout ce qui pollue nos journées, notre vie quotidienne est complètement dérisoire". "On" se rend compte, donc par un calcul - ce mot sera répété à 6 reprises - ici effectué par "on"), que le quotidien c'est la perte de temps, la lourdeur, qui "pollue", alors que la santé nous est promise par le point fort.
C'est-à-dire que c'est elle qui géométrise le langage des malades dans un but de "soin".
D'où Marie de Hennezel est présentée comme travaillant dans une "unité de soins". A noter que le mot "gouvernante", désignait autrefois celle qui donnait des soins : le pharmakos, la drogue.
Evidemment, tout cela est préparé en termes équivoques, afin que le projet de "gouvernement" ne soit pas perçu par tous, mais tout de même entendu par tous, y compris ceux qui seront tentés par cette "force" et cette "clarté". Seuls ceux qui sentent le geste de la force (caché dans cette "haptonomie"), par intuition et en tireront l'analogie politique de cette petite métaphore ("Et donc cette histoire, c'est une histoire, si je peux faire une comparaison") seront acceptés dans la sphère des élus, "sauvés".
"Donc ce qui est décrit par Marie de Hennezel, c'est que ces gens ont besoin de dire qu'ils vont mourir. Et une fois qu'ils l'ont eux-mêmes traduits, et qu'ils l'ont formulé". C'est ici que se jouera le passage à la révolution : la formulation de ce qui est dit en termes équivoques en ce texte : pour ne pas mourir, il faut rejeter la parole de la famille, et intégrer la parole de la science, des chiffres. On est alors "à l'écoute de tous les mots" ("traduits"), qui permettent de gouverner les âmes, au nom de leurs propres valeurs, de leurs propres croyances, pour les mener en conclusion de cette analogie : à obéir. Terme (traduit !) pouvant remplacé "être à l'écoute de tous les mots" du "point fort".
Le stress du mensonge de la survie spiritualiste, disparait alors : le mensonge de la famille : "Donc ils sont face à un trou béant de communication également vis-à-vis de leur famille. Parce qu'à chaque fois on leur dit quoi ? "Tu vas t'en sortir, mais non tu ne mourras pas".
Autrement dit : la mort charnelle, pour notre auteur, est la fin ultime de l'homme. La "mort", dont le terme disont "initiatique" est conservé, doit alors être retraduite, pour se dégrader en mort sociale, rejet de cette "unité" "affective", le pouvoir faisant alors appel à la peur primale par excellence.
Les "élus" survivants :"sont complètement déstressés, en général, et donc la personne qui a du mal à le dire est aidée de façon tactile par ses sens, parce qu'elle retrouve par cet accompagnement ce qu'elle a vécu dans sa propre enfance avec sa mère, donc ce câlin, et une fois qu'elle a passé ce cap, elle a l'oreille d'une psychanalyste et du psychologue, qui est une oreille attentive sur tous les mots qui vont être dits."
Avant de : SE LIVRER !
Le "retour à la mère" désignant le retour en arrière, le retournement des mots en chiffres, vus, pour un athée, comme origine de toute pensée "correcte".
Etonnamment l'haptonomie évoquée, n'est pas une pratique exclusivement mise en oeuvre dans les "soins palliatifs". On l'utilise aussi en pédagogie, métier consistant en l'art de "conduire" (gouverner) les "enfants" vers... quelque chose... d'autre.
Le pouvoir étant alors le seul, lisez bien, à décider de la puissance de son "geste" de "mots".
Le "bras" de "Marie de Hennezel" décrivant la multiplicité des "gestes" possibles, une fois le pouvoir obtenu et verrouillé... une fois l'humilité assurée avant l'engagement ("Et c'est à ce moment-là quand l'homme a atteint cette humilité avant ce passage"), et non après comme en toute relation réelle de reconnaissance.
Pourquoi "avant" ? Parce que c'est d'une élection que ce programme doit être mis en oeuvre, et donc d'un engagement à l'aveugle.
"On trouve toujours cette constante, cette humilité qui est presque éclairée où ils se disent que finalement cette mort que l'on voit comme une fin en soi n'est qu'un passage et ils ont du mal à la traduire mais ils sentent qu'il y a quelque chose d'extrêmement puissant derrière. Et c'est ça qui ressort à travers tous les témoignages".
"Marie de Hennezel" devient dans ce travail de désinformation, l'individu salutaire, par sa parole systématiquement géométrique (elle s'assoit sur le lit et parle ; ils sont face à un trou béant de communication ; on leur dit : ils vont s'en sortir (géométrie)".
Question sur Marie de Hennezel
Maud M., pleine d'admiration devant une telle "explication" demande finalement si Marie de Hennezel est croyante. Arnaud Mussy - qui ici a un moment de flottement (il calcule) ne répond pas sur sa spiritualité réelle, dont il se moque, car ce serait la décrire par ce qui fait son "moi", mais il continue, en bon cannibale, à la faire parler dans le sens voulu. Alors le réseau de textes traditionnalistes est traité par le mépris : "Guénon, Blavatsky, etc".
Ce n'est pas la validité profane de "L'express", classant Marie de Hennezel dans les "Best-sellers", et permettant un "retour en arrière" vers l'autorité des chiffres, bien maitrisée.
MAIS : Elle croit, dit-il, en une philosophie tibétaine (matérialiste), et une "force"... après la mort.
Réfutations de Marie de Hennezel
Il est notoire que l'auteur de l'ouvrage réfute de façon involontaire évidemment, cette "lecture" tordue d'Arnaud Mussy. Comme on peut l'entendre elle-même sur cet entretien audio livré à France Culture, à propos du livre en question. Frédéric Lenoir interviewer, lui pose en effet deux questions, dont une vers la minute 27, afin de savoir si ses patients ont une approche spirituelle de la mort. Elle répond : "Il y a un retour du religieux chez les gens qui ont eu une pratique religieuse, [...] mais tous ceux qui n'en ont pas eu...", l'auteur est formelle : ils sont "agnostiques".
Puis à la question : "Avez-vous vu des gens mourir joyeusement ?", elle répond : "Non, j'ai pas vu de gens mourir vraiment joyeusement". Mais "dans la littérature, ça existe".
On ne saurait mieux dire.
Réponse d'André Bouguénec
Continuons avec la réponse donnée par André Bouguénec, qui va nous ramener à la vue concrète, justement, à l'air frais du bon sens et des réalités non abstraites, d'une médecine qui prend en compte la spécificité réelle de l'individu, et ses souffrances (incarnation).
André Bouguénec rapporte d'abord la situation à des principes, qui eux-mêmes sont mathématiquement porteurs d'un quotidien... Ces principes sont philosophiques et mènent à une foi vécue concrètement par chaque individu, donc une question sur le sens et la raison d'être personnels, de ceux qu'Arnaud Mussy aurait classé comme des "égoïstes" (ne se fiant pas aux principes de "L'Express" !), comme croyant, chrétien ou athée.
Principes d'où découlent des choix de vie, propres à la personne, placée devant son destin et la réalité de ses choix en ce domaine... avant de rentrer à l'hôpital.
D'ailleurs ils pourront même en sortir !
Ce qui, si on comprend ceci comme une réponse du berger à la bergère, signifie que la réponse et la solution sont simples : Celui qui n'a pas peur de la mort, celui qui "vit" est chrétien, et sa vie intérieure ne peut se soumettre à cette logique d'une "vérité" de la mort comme "crise" de "communication", dont la science managériale et géométrique, d'Arnaud Mussy va pouvoir nous tirer, parce que cette crise est seulement un temps de la vie matérielle (prouvé par la critique du "quotidien" dérisoire) avant la mort physique, qui pour lui, est la fin de tout.
André Bouguénec traite donc d'abord la question par le commencement : la réalité spirituelle de l'homme incarné.
Il ne part pas d'une image mentale, abstraite, mais justement de son "moi", assumant la valeur de son expérience personnelle, mais selon des principes spirituels.
C'est toute la différence avec un propos où "je" conclue, après tout un discours en lequel personne n'apparait. Alors que "personne" n'est jamais que le masque de ce "je".
"MOI, nous dit André Bouguénec, j'ai fait près d'une semaine à l'hôpital", puis ajoute : "j'ai fait le contraire", prouvant par UN cas (le sien), la nullité de toute la théorie standardisante, qui vient d'être énoncée.
Ceci en nous présentant une histoire réelle, concrète, de "souffrance"... qui va déboucher sur un peu plus d'amour sur Terre.
En montrant comment "sa" souffrance n'a pas été gérée par l'infirmier, le "point fort", qui ici est plutôt le "point faible", passif et même pas vraiment compétent, qui va cependant évoluer grâce à son patient... Celui qui était censé être le faible de l'histoire...
L'infirmier en effet, manipule André Bouguénec avec indélicatesse, et peut-être même brutalité, mais face à la douleur ressentie et exprimée vivement, puis expliquée, décrite, l'infirmier changera...
Ceci montre la réalisation d'un potentiel (l'infirmier), qu'on n'avait pas prévu. Potentiel débouchant sur une relation de reconnaissance.
Par ailleurs, le "salut" n'est pas un problème de "choix" personnel, mais de fatalité : "Il n'y a pas grand-chose à faire avec les athées."
Pourtant : "Des croyants peuvent partir presque avec sérénité". (Allusion à des réunions communautaires de malades porteurs de cancer, incurables : donc de croyants préparés consciemment).
Ensuite André envisage toujours des situations similaires, mais il extrapole le contexte. Il sort là encore de la géométrie fermée et limitée de l'hôpital.
Sa description, pleine d'humanité, montre que tout homme, sans être "savant", peut aider quelqu'un à passer : "préparer les enfants dès l'école à le faire", "dans les familles", "que je vous apprenne à faire des guérisons", "même des enfants le font", etc.
Pas de "point fort" ici, requérant une demande d'humilité pour être sauvé.
"Savent"-ils, ces enfants, que nous sommes venus pour mourir ? Non. Ont-ils lus le livre de Marie de Hennezel, sous couvert des "classements" de "L'Express" ? Non bien entendu. Sont-ils des "points forts" dans une "unité", filtrant (au bout du couloir) des malades ?
On ne trouve dans la réponse d'André Bouguénec que des nuances fines sur ce problème difficile, avec des tas d'exemples, de cas possibles. A contrario du précédent exposé, qui expose tout sous forme générale, froide, mécanique, et sans aucun exemple, pour mieux nous rendre aveugle du futur qui va naitre et qui en sera la conséquence mathématique et "affective", mais qu'on doit accepter avant le passage... sous peine de mort.