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« Le "Jugement Dernier", ne peut, ne pourra se faire, QUE sur les paroles dites en tous les temps par les hommes et les responsables des diffusions qui ont conditionné le monde, au TEST du Testament du Christ qui l'a ré-digé au commencement pour qu'en Fin il s'ouvrit et con-Fonde toute la Dispersion, cette "Diaspora" "tra-issante" ou trahissante à travers l'Ordre Divin de Rassemblement. Qui, quelle religion, quelle académie, quelle initiation, s'est voulue assez large de coeur et d'esprit pour rassembler toutes les brebis égarées de la Maison d'Israël, c'est-à-dire, non pas le pays des juifs, mais la Maison de Dieu qu'est le Verbe par TOUT : IS-RA-EL : "l'Intelligence-Royale-de Dieu", contre laquelle l'homme doit "lutter", "l'emporter" (de la racine hébraïque sârôh), ce qu'est en vérité l'antique Iswara-El, cette "Agartha" invisible, enfouie dans les profondeurs de la "Terre", c'est-à-dire de l'Homme, dans ses ténèbres. »

André Bouguénec, Entretien avec l'homme, article Qui est Judas ?

 

 

 

La société au Moyen-Age - Louis Lallemant

La Chrétienté médiévale a vécu en participation le mystère de l'Incarnation. Son œuvre civilisatrice a été le fruit d'un effort général pour promouvoir, suivant la pensée de saint Paul, l'application effective à l'humanité et l'accomplissement cosmique du grand œuvre de rédemption que le Christ, au calvaire, a réalisé sub specie aeternitatis et amorcé selon l'espace et le temps. La loi d'amour devait donc dominer toute la construction sociale de cet âge de foi.

De fait, c'était elle qui alors commandait à chaque degré de la hiérarchie des états et des fonctions un loyal échange de services, chacun devant donner et recevoir selon son rang, ses capacités et ses moyens. Le pacte féodal primitif typique, dans lequel le suzerain garantissait la protection et le vassal la subsistance, s'était différencié en une infinité d'engagements mutuels, aussi divers que les besoins et les circonstances de la vie, mais tous ces contrats relevaient de la même règle de charité pratique fondamentale. Dans un monde libéré des menaces étrangères, où Cluny s'efforçait de faire passer dans les mœurs la pax bénédictine, la force brutale perdait au surplus peu à peu de son prix au bénéfice des valeurs de civilisation naissantes.

La division classique de la société en trois ordres bien tranchés, clergé, noblesse, tiers état, que l'on donne habituellement pour avoir été le cadre social du Moyen Age, est une schématisation très sommaire. Elle serait plus applicable à la France d'ancien régime, qui en arriva là par sclérose de l'ordre médiéval, qu'à ce dernier, dans lequel une grande diversité d'états et de relations faisait de la société un corps à la fois un et complexe comme est le corps humain, selon la fameuse comparaison faite au XIIème siècle par Jean de Salisbury. Mais cette multitude de rapports sociaux définis empiriquement, à mesure des cas journaliers, s'harmonisaient spontanément parce que tous étaient régis par un même esprit. La règle pratique en demeurait la loyauté, depuis celle du baron vis-à-vis de son seigneur jusqu'à celle du marchand vis-à-vis de son client, l'une comme l'autre au surplus dûment contrôlées, et garanties par de fortes sanctions. Point d'abstractions en toute cette organisation éminemment vivante. Point d'anonymat, non plus, dans ce régime dont la formule était l'engagement d'homme à homme, et qui exigeait la mise en jeu de la personnalité, selon sa valeur réelle, efficace, sur laquelle on devait pouvoir compter ferme. Jamais, en réalité, institutions ne furent aussi effectivement fondées sur ce qu'il y a de dignité en chaque homme, et cela encore était l'effet du christianisme.

Réaliste, née de différenciations naturelles et visant en tout à l'efficacité, l'organisation de la société médiévale était franchement basée sur l'inégalité des fonctions et des individus. Elle la soulignait même par des privilèges, dont il faut bien comprendre qu'ils étaient la contrepartie et le plus souvent la condition d'exercice des devoirs d'état, que par suite il en existait de toutes sortes et à tous échelons, et qu'ils entraient dans les conventions particulières aussi bien que dans le dispositif d'ensemble.

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Les institutions sociales au Moyen Age étaient conçues comme devant offrir le cadre et les moyens d'une constante éducation des coeurs. Toute l'existence y prenait valeur de parabole. Selon l'idéal des monastères, toute cette organisation nécessaire à la vie commune était en dernière analyse réglée sur le souci de l'âme individuelle poursuivant ses propres fins dernières.

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Le compagnonnage était littéralement la chevalerie des artisans. La haute exigence et la portée de cette organisation sont révélées par le fait qu'elle ne s'appliquait pas à n'importe quels métiers, mais seulement à ceux qui pouvaient donner lieu à la réalisation d'un « chef-d'œuvre », c'est-à-dire ceux dans lesquels l'ouvrier pouvait concevoir et réaliser entièrement lui-même une œuvre témoignant qu'il avait la maîtrise intellectuelle, technique et manuelle, de sa profession. Autrement dit, la maîtrise compagnonnique n'était rien de moins, en son principe, qu'une épreuve demandant à l'homme de prouver, selon son état, qu'il est bien fait à l'image du Dieu créateur. Cela est si vrai que la cathédrale gothique, qui est une somme de l'art des compagnons tailleurs de pierre, charpentiers, ferronniers, verriers, orfèvres, etc., et comme un surhumain chef-d'œuvre synthétique collectif, est une réplique lapidaire symbolique de l'univers. On comprend aussi par là que les grands maîtres d'œuvre médiévaux étaient autre chose encore que des architectes de génie, et pourquoi ils pouvaient traiter de pair avec les princes.

Dans cette chevalerie ouvrière, l'éducation du coeur, celle de la tête, et celle de la main étaient intimement liées.

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Péguy :

« Ces ouvriers ne servaient pas. Ils travaillaient. Ils avaient un honneur, absolu, comme c'est le propre d'un honneur. Il fallait qu'un bâton de chaise fût bien fait. C'était entendu. C'était un primat. Il ne fallait pas qu'il fût bien fait pour le salaire ou moyennant le salaire. Il ne fallait pas qu'il fût bien fait pour le patron, ni pour les connaisseurs ni pour les clients du patron. Il fallait qu'il fût bien fait lui-même, en lui-même, pour lui-même, dans son être même. Une tradition, venue, montée du plus profond de la race, une histoire, un absolu, un honneur voulait que ce bâton de chaise fût bien fait. Toute partie, dans la chaise, qui ne se voyait pas, était exactement aussi parfaitement faite que ce qu'on voyait. C'est le principe même des cathédrales. »

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Certes, il ne faut pas se faire du monde médiéval une idée féerique. Les hommes y étaient rudes et la société marquée encore, dans l'ensemble, de la barbarie restée longtemps prépondérante. Pourtant à contrôler de près les témoignages du temps, on est étonné de la qualité des sentiments et des mœurs. Il est indéniable qu'une certaine noblesse d'âme et une sagesse véritable régnèrent alors plus effectivement que jamais par la suite. On ne saurait attendre d'aucune organisation sociale, quelle qu'y soit la part de l'Eglise, qu'elle élève à la sainteté le commun des hommes et fasse de la terre un paradis ; mais les institutions peuvent, selon les principes dont elles s'inspirent et si l'on peut dire l'engrenage idéal dans lequel elles engagent l'homme, élever ou abaisser en fait le niveau moyen des esprits et des coeurs. La société médiévale était conçue en tous ses rouages pour hausser l'homme de l'existence brute à la conscience morale et de la subsistance naturelle à la vie spirituelle.

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Aventure significative entre toutes que cette levée en masse pour la conquête de la Terre Sainte, sous la conduite de la haute noblesse de France. Ce fut la plus étonnante manifestation du réalisme simple et puissant avec lequel le Moyen Age a vécu ses croyances. Cette mise en marche des barons chrétiens d'Occident, puis après eux d'une multitude « de toutes nations, de toutes tribus, de tous peuples et de toutes langues », vers le tombeau du Christ, symbole et source de la vie éternelle, fut le grand acte de foi collectif de la Chrétienté. Pour prendre sous le signe de la croix la longue route pleine d'inconnu, de vicissitudes et de souffrances, menant au pied du Calvaire, ces foules comme irrésistiblement attirées par le pôle surnaturel du monde abandonnèrent biens et affections terrestres, acceptant de mourir en chemin pour l'amour du Dieu vivant. Quelle époque donna jamais de ses aspirations profondes pareil témoignage ?

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Grands bâtisseurs et grands voyageurs, les Templiers étaient d'autre part en étroites relations avec les organisations du compagnonnage, également répandues dans toute l'Europe, qui groupaient dans leur chevalerie technique les élites dirigeantes du monde des arts et des métiers.

Extrait de La vocation de l'Occident, Louis Lallemant