DENOMINATIONS ET ETYMOLOGIES
A diverses époques, la langue française a produit différents termes qui évoquent soit des sous-ensembles soit l'ensemble des populations rom :
* Romanichel, qui vient de l'adjectif romani (rom) et du nom cel (peuple, communauté, tribu).
* Manouches, qui est proche de manushya, qui signifie homme, être humain en sanskrit et en hindi, et qui vient du romani mnouche signifiant aussi « homme ». Le « Vocabulaire des Manouches d'Auvergne » de Joseph Valet traduit ManuÅ¡ par Manouche et ManuÅ¡ni ou ManuÅ¡eca par « femme manouche ». Le mot « Manouches » est souvent utilisé en français pour désigner une population qui vit en France et qui a des caractéristiques communes avec les Sinté d'Allemagne : les expressions valÅ¡tike ManuÅ¡ et gackene ManuÅ¡ sont traduites respectivement « Sinté français » et « Sinté allemands » par Jean-Pierre Liégeois, et « Manouche originaire de France » et « Manouche originaire d'Allemagne » par Joseph Valet. Mais en Champagne, il est fréquent que des Gadjé appellent « Manouches » toutes sortes de voyageurs manouches ou non-manouches. Dans le domaine musical, on parle de jazz manouche. Les Manouches « ne se reconnaissent pas en tant que Roms, indique Jean-Pierre Liégeois dans un ouvrage intitulé « Roms et Tsiganes » publié en 2009.
* Gitans, de l'espagnol gitano, qui lui-même est une déformation d'egyptiano, égyptien. Pour Marcel Courthiade, « le mot Gitan désigne ( ! ) exclusivement les Roms de la péninsule ibérique, y compris ceux qui en sont repartis en direction de la France ou des Amériques », jugeant ainsi que « Le Temps des Gitans » est un mauvais choix de titre français pour le film yougoslave Dom za veÅ¡anje d'Emir Kusturica. En revanche, Jean-Louis Olive constate que « sur le territoire français, en général, et dans divers pays européens, l'hétéronyme Gitans est employé de manière indifférenciée ou substitutive à l'allonyme Tsiganes, qui s'applique ici aux Roms, aux Manouches ou aux Sinté ».
* Tsiganes ou Tziganes est un terme qui apparaît dans la langue française au début du XIXe siècle, probablement par calque du mot russe tsigan, lequel pourrait provenir, via l'ancien russe et le bulgare du mot grec byzantin Atsinganos, qui est la prononciation populaire de Athinganos : « qui ne touche pas » ou « qui ne veut pas être touché », littéralement les « intouchables ». Ce mot désigne une secte de manichéens venus des Lycaonie et Phrygie byzantines : l'élite de l'Eglise manichéenne, en effet ne touchant en aucun cas de la viande, du sang, et du vin. Il est à noter, néanmoins, que le terme Athinganos, n'a aucune étymologie attestée en langue grecque. Le terme de « Tsigane » est réapparu en France après la Seconde Guerre mondiale, car il était utilisé par les nazis. Le mot « Tsigane » provient plus certainement du nom Sigynnai, cité en 485 av. J.-C., par Hérodote, pour désigner un groupe de forgerons nomades, circulant en Europe, à bord de chariots attelés à des chevaux. Des recherches attestent que des groupes tsiganes étaient déjà présents très certainement en Europe à cette époque, et entretenaient des liens commerciaux (fonte de métaux), avec les Etats. En décembre 2008, des associations se regroupent dans « l'Union française des associations tsiganes », ce qui permet au terme « tsigane » de conserver une légitimité sociologique et politique.
* Egyptiens, terme d'origine médiévale ; dans le français du XVIIe siècle, ce terme rappelle une ancienne légende selon laquelle les Roms seraient venus d'Egypte (Aigyptos : en grec). Par exemple, Esméralda, dans Notre-Dame de Paris, est surnommée « L'Egyptienne ».
* Bohémiens est utilisé à partir du XVe siècle. Plusieurs auteurs rapprochent cette appellation des lettres de protection de Sigismond, empereur du Saint-Empire, roi de Hongrie et de Bohème dont se recommandent des groupes signalés à Deventer, Bruxelles, Châtillon-sur-Chalaronne et Mâcon autour des années 1420. C'est le terme le plus couramment employé en France du XVIe au XVIIIe siècle, et son usage décline au XIXe siècle lorsqu'apparaît le terme « tsigane » dans les milieux savants et à mesure que les pouvoirs publics qui ont officialisé le terme « nomade » en 1848 dans le contexte de la colonisation algérienne, l'appliquent aux familles mobiles en métropole. Le terme Boumians que l'on rencontre parfois, est une forme occitane de Bohémiens.
ORIGINES
Bien que la transmission soit non écrite, de nombreuses légendes circulent sur l'origine des Roms. Liées à l'imagination, elles font partie de leurs traditions. Les « hypothèses » qui en ont fait les descendants de Caïn côtoient celles qui les affilient à Cham, fils de Noé. D'autres les font descendre de mages de Chaldée, des Atlantes, de Syrie, d'une des tribus perdues d'Israël, des Egyptiens de l'époque pharaonique, ou encore d'anciennes tribus celtes du temps des druides. La fascination exercée par de tels mythes a encouragé ces nomades, vivant souvent de leurs talents, à se donner eux-mêmes les origines les plus mystérieuses. Les Roms descendent ainsi (au choix, ou tout ensemble) de la divinité hindoue Rama, ou encore de Ramachandra, avatar de Vishnou, de Tubalkaïn le premier forgeron, des enfants de la Marie-Madeleine biblique, des manichéens de Phrygie, des Mayas, des Aztèques, des Incas, de Tamerlan, du Grand Moghol, des Mameluks.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Roms