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« Le "Jugement Dernier", ne peut, ne pourra se faire, QUE sur les paroles dites en tous les temps par les hommes et les responsables des diffusions qui ont conditionné le monde, au TEST du Testament du Christ qui l'a ré-digé au commencement pour qu'en Fin il s'ouvrit et con-Fonde toute la Dispersion, cette "Diaspora" "tra-issante" ou trahissante à travers l'Ordre Divin de Rassemblement. Qui, quelle religion, quelle académie, quelle initiation, s'est voulue assez large de coeur et d'esprit pour rassembler toutes les brebis égarées de la Maison d'Israël, c'est-à-dire, non pas le pays des juifs, mais la Maison de Dieu qu'est le Verbe par TOUT : IS-RA-EL : "l'Intelligence-Royale-de Dieu", contre laquelle l'homme doit "lutter", "l'emporter" (de la racine hébraïque sârôh), ce qu'est en vérité l'antique Iswara-El, cette "Agartha" invisible, enfouie dans les profondeurs de la "Terre", c'est-à-dire de l'Homme, dans ses ténèbres. »

André Bouguénec, Entretien avec l'homme, article Qui est Judas ?

 

 

 

Aimer sans aimer dans "Le Phèdre" - Platon

VI. - « Tu connais mes sentiments" : j'estime, je te l'ai dit, qu'il est de notre intérêt à tous deux que tu écoutes mes propositions, et je soutiens qu'il n'est pas juste de me refuser ce que je demande par la raison que je ne suis pas ton amant, car les amants regrettent le bien qu'ils ont fait, quand leur désir est éteint, tandis que ceux qui n'ont point d'amour n'ont jamais lieu de se repentir; car ce n'est point sous la contrainte de la passion, mais volontairement, sans dépasser la limite de leurs ressources, qu'ils font du bien à leur ami. En outre les amants repassent dans leur esprit les dommages que l'amour leur a causés dans leurs affaires et les libéralités qu'ils ont faites, et, y ajoutant la peine qu'ils ont eue, ils jugent qu'ils ont depuis longtemps payé le prix des faveurs obtenues. Au contraire ceux qui ne sont pas épris ne peuvent ni prétexter leurs affaires négligées à cause de l'amour, ni mettre en ligne de compte leurs peines passées, ni alléguer les tracasseries de leurs parents, de sorte que, exempts de tous ces ennuis, ils n'ont plus qu'à s'empresser de faire tout ce qu'ils croient devoir plaire à leur bien-aimé. Mais il faut, dira-t-on, faire cas des amants parce que, si on les en croit, ils sentent la plus grande tendresse pour ceux dont ils sont épris et parce qu'ils sont prêts, au risque de s'attirer la haine d'autrui, à tout dire et à tout faire pour leur être agréables; mais il est facile de reconnaître qu'ils ne disent pas la vérité; car s'ils viennent à en aimer un autre, ils lui sacrifient le premier, et, si le nouvel élu de leur coeur le demande, ils vont jusqu'à lui faire du mal. En vérité, convient-il d'accorder une telle faveur à un homme affligé d'un tel mal que personne, si habile fût-il, n'oserait tenter de le guérir; et en effet les amants avouent eux-mêmes qu'ils sont malades plutôt que sains d'esprit et qu'ils ont conscience de leur mauvais sens, mais qu'ils ne sont pas maîtres d'eux-mêmes. Aussi, rentrés dans leur bon sens, comment pourraient-ils approuver les actes que leur folie leur a inspirés? Et puis, si, parmi les amants, tu veux choisir le meilleur, ton choix se limite à un petit nombre; au lieu que si tu cherches parmi tous les autres celui qui te convient le mieux, tu en rencontres une foule, et dans une foule ta chance est beaucoup plus grande de trouver quelqu'un digne de ton affection.

VII. - D'autre part, si tu crains l'opinion établie et la honte d'un scandale public, songe qu'il est naturel que les amants, impatients de faire envier leur bonheur, comme ils le jugent eux-mêmes digne d'envie, se laissent aller à parler et à publier partout glorieusement qu'ils n'ont point perdu leur peine; au contraire, ceux qui n'aiment pas, restant maîtres d'eux-mêmes, préfèrent le solide avantage de la jouissance au plaisir de faire parler d'eux. En outre les relations des amants sont forcément connues de beaucoup de gens ; on les voit accompagner ceux qu'ils aiment, et y mettre tant d'empressement que, quand on les voit causer ensemble, on ne manque pas de penser que, s'ils sont réunis, c'est qu'ils viennent d'assouvir ou qu'ils vont assouvir leur passion. Mais si vous n'aimez pas, on n'essaie pas non plus d'incriminer vos relations; car on sait qu'il faut bien admettre qu'on se parle par amitié ou par tout autre besoin de distraction. Si quelque autre appréhension t'assaille à la pensée que l'amitié est naturellement fragile, qu'un motif quelconque peut amener une brouille préjudiciable à tous deux, mais désastreuse pour toi qui as sacrifié ce que tu avais de plus précieux, c'est surtout des amants que tu feras bien de te méfier. Les motifs de chagrin ne leur manquent pas ; à les en croire, on ne fait rien que pour leur nuire. Aussi cherchent-ils à empêcher ceux qu'ils aiment de se lier avec d'autres; ils craignent les riches, qui pourraient les éclipser par leur fortune ; ils craignent les gens instruits qui pourraient les surpasser en intelligence, et ils se méfient de tous ceux qui ont quelque supériorité. , Ils t'amènent à te brouiller avec eux, et te réduisent ' ainsi, en fait d'amis, à une entière disette; mais si, considérant tes intérêts, tu montres plus de sagesse qu'eux, tu en viendras à une rupture. Au contraire ceux qui sans amour en sont venus à leurs fins par leur mérite ne sont point jaloux des familiers de leur ami ; ils prendraient plutôt en haine ceux qui refuseraient de le fréquenter, imputant leur refus au mépris, et se sentant obligés à ceux qui le fréquentent. Leur commerce a donc beaucoup plus de chances de tourner à l'amitié qu'à la haine.

VIII. - Au reste, parmi les amants, beaucoup s'éprennent de la beauté physique avant de connaître le caractère de celui qu'ils désirent et d'être renseignés sur sa valeur personnelle; aussi ne peut-on savoir s'ils resteront amis du bien-aimé quand ils auront apaisé leur désir. Il n'en est pas de même avec ceux qui n'aiment pas d'amour; comme ils sont déjà liés par l'amitié avant tout commerce des sens, il n'est pas vraisemblable que le plaisir goûté amoindrisse leur amitié, mais bien plutôt il sera un gage des plaisirs à venir.
Veux-tu devenir meilleur? Fie-toi à moi plutôt qu'à un amant ; car un amant n'hésite pas à choquer la raison en louant tes paroles et tes actes, soit parce qu'il craint de te déplaire, soit parce que la passion lui fausse le jugement. Car tels sont les effets que produit l'amour : aux yeux des amants malheureux il fait paraître fâcheuses des choses qui laissent les autres indifférents, et il force les amants heureux à louer des choses qui n'en valent pas la peine; aussi est-ce la pitié, non l'envie, que l'homme aimé doit inspirer. Si au contraire tu veux bien m'écouter, tout d'abord ce ne sera pas la seule volupté du moment que je poursuivrai dans notre intimité, mais aussi ton intérêt à venir. Insensible à l'amour et maître de moi-même, je ne me fâcherai pas violemment pour des bagatelles; même des raisons graves n'exciteront que lentement et faiblement mon dépit; j'excuserai les torts involontaires et je m'efforcerai de prévenir les offenses voulues : ce sont là les marques d'une amitié destinée à durer. Si tu viens à penser qu'il n'y a point d'amitié solide où il n'y a point d'amour, réfléchis qu'à ce compte nous ne tiendrions guère à nos fils, à notre père, à notre mère, et que nous n'aurions pas d'amis fidèles, à moins qu'ils ne nous fussent venus par l'amour, à l'exclusion de toute autre liaison.

IX. - En outre, s'il faut accorder ses faveurs à ceux qui les sollicitent avec le plus d'insistance, il est logique aussi en toute circonstance d'obliger non les plus dignes, mais les plus indigents; plus grands sont les maux dont tu les délivres, plus grande sera leur reconnaissance. Alors il faudra aussi, quand tu donnes un repas, y inviter non tes amis, mais les mendiants et les meurt-de-faim : ce sont ceux-là qui te chériront, qui te feront escorte, qui viendront à ta porte, qui seront les plus contents et les plus reconnaissants et qui formeront des vceux sans nombre en ta faveur. Mais peut-être convient-il de favoriser non ceux qui te sollicitent ardemment, mais ceux qui sont le plus à même de témoigner leur reconnaissance, non pas seulement ceux qui te sollicitent, mais ceux qui sont dignes de tes faveurs, non pas ceux qui veulent jouir de ta beauté, mais ceux qui dans ta vieillesse te feront part de leurs biens, non ceux qui se vanteront partout de leur succès, mais ceux qui auraient honte d'en rien dire à personne, non ceux dont l'empressement est éphémère, mais ceux dont l'amitié inaltérable ne finira qu'avec la vie, non ceux qui, en sentant leur désir s'apaiser, chercheront un prétexte de rupture, mais ceux qui après le déclin de ta beauté feront voir leur générosité. Souviens-toi donc de mes paroles, et songe que les amants s'entendent reprocher leur amour comme un vice par leurs amis, tandis que ceux qui ne sont pas épris n'ont jamais subi les reproches des leurs pour avoir à cause de l'amour mal calculé leurs intérêts.
Maintenant, tu vas peut-être me demander si je te conseille d'accorder tes faveurs à tous les prétendants sans passion. Je présume qu'un amant ne t'engagerait pas non plus à montrer cette humeur facile à tous les amoureux; car pour qui raisonnerait juste en recevant tes faveurs, elles n'auraient plus le même prix, et, si tu voulais te cacher des autres, cela ne te serait plus aussi facile. Or il faut que nos relations, loin de nous porter préjudice, nous soient avantageuses à tous deux. Je crois en avoir dit assez; mais si tu as regret à quelque chose que j'aurais omis, interroge-moi. »

X. - Que te semble de ce discours, Socrate ? N'est-il pas merveilleux à tous égards, notamment pour le style?