Le symbolisme est un mouvement littéraire et artistique apparu en France, en Belgique et en Russie à la fin du XIXe siècle, en réaction au naturalisme et au mouvement parnassien.
Le mot est proposé par Jean Moréas, qui utilise ici l'étymologie du mot « symbole » (« jeter ensemble ») pour désigner l'analogie que cette poésie souhaite établir entre l'Idée abstraite et l'image chargée de l'exprimer. Pour les symbolistes, le monde ne saurait se limiter à une apparence concrète réductible à la connaissance rationnelle. Il est un mystère à déchiffrer dans les correspondances qui frappent d'inanité le cloisonnement des sens : sons, couleurs, visions participent d'une même intuition qui fait du Poète une sorte de mage. Le symbolisme oscille ainsi entre des formes capables à la fois d'évoquer une réalité supérieure et d'inviter le lecteur à un véritable déchiffrement : d'abord voué à créer des impressions — notamment par l'harmonie musicale — un souci de rigueur l'infléchira bientôt vers la recherche d'un langage inédit. L'influence de Stéphane Mallarmé est ici considérable, ce qui entraîne la poésie vers l'hermétisme.
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Pour parvenir à cadrer le symbolisme, on ne peut pas se fier qu’au style, il est impératif de s’intéresser aux individus derrière les oeuvres et à leur temps. Jean-Paul Bouillon dit que « S'il faut le définir, c'est d'abord par ses refus. Refus du matérialisme, du positivisme, refus d'une société que le « progrès » scientifique enlaidit et dégrade ; opposition à ses thuriféraires, qui la justifient scientifiquement ou philosophiquement ; rejet des esthétiques qui célèbrent le culte de cette réalité. »
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Le symbolisme français apparaît dans la seconde moitié du XIXe siècle, en pleine révolution industrielle qui voit le pays entrer dans l’ère de la modernité technique et scientifique, et le symbolisme, par son rejet de toute rationalité, est une forme de réaction contre cette modernité.
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Théâtre :
La scène, la pauvre ou l’encombrée, la faste, la démunie, celle qui n’était en tout cas plus depuis longtemps la deuxième agora de la Cité, ne pouvait donc que difficilement satisfaire un symbolisme qui voulait réaffirmer la puissance du mystère dans un temps où athéisme, positivisme et évolutionnisme annihilaient toute possibilité de penser une ontologie de l’être qui serait, intérieure, absente, voilée, à découvrir derrière le visible.
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Peinture :
Selon une formule de Péladan, il s'agit d'« insuffler dans l’art contemporain et surtout dans la culture esthétique l’essence théocratique, voilà notre voie nouvelle ». Le symbolisme pose donc sur les problèmes de l’humanité, un regard visant à l’intemporel. Il en ressort une nouvelle typologie humaine : celle de l’angoisse.
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Le paysage symboliste oscille entre deux pôles : une vision de la totalité du cosmos d'une part, et d'autre part une projection intégrale du psychisme
Tentative de définition
Culte de l’instabilité et de la défiance à l’égard de la raison : Le scepticisme à l’égard de la pensée positive, manifesté dans le renouveau du mythe, conduira les symbolistes à tirer parti de tout ce qui se trouve en marge de la rationalité. On note donc la présence de l’hystérie (ou de son double artistique), qui révèle un certain goût pour la théâtralité du psychisme et pour l’extrapolation du subconscient.