Sur divers sujets qu'il savait être en dissonance avec les opinions de la pensée unique des masses et, curieusement des phare-ouestiens (qui auraient dû être des initiés déconditionnés de tout), André pouvait en apparence défendre un parti, une position politiquement correcte, cependant que l'étude froide du même propos révélera plus tard qu'il prenait en fait le contre-pied exact de la-dite position.
André a fait du théâtre étant jeune, et par une habile représentation, il lançait les mots qu'une compréhension primaire pouvait faire admettre comme étant en accord avec la doxa dominante, alors qu'une seconde compréhension, toute autre, pouvait se déduire, mais par le biais d'un effort de réflexion et d'une critique, sur le tard. Alors une cohérence seconde mais plus ample, apparaissait. Ceci n'étant pas la règle, bien entendu, sans quoi c'eut été trop facile. Par ailleurs le "ton" n'est pas à rejeter, mais il n'est pas moins intéressant de tester son "retrait" pour comprendre bien des choses.
On ne compte pas les fois où il répétât : "Enseigner c'est susciter".
Commentant par exemple un fait d'actualité, il présentait d'abord les faits et les problèmes, puis les différentes positions prises par des observateurs, des intellectuels, politiques, religieux, etc. Ceci montrait déjà qu'il ne présentait pas une "opinion", mais bel et bien une analyse, pesée avec soin, et construite.
Le ton, surtout, théâtral, d'approbation ou de désapprobation pouvant être totalement artificiel et trompeur, tandis qu'à l'analyse plus fine, on découvrait que sous ce ton, un problème logique, caché, critique et fondamental était au fond posé, soit par le glissement d'un fait, soit par l'immixtion d'un double sens possible dans l'utilisation d'un mot, d'une logique, d'une expression, d'une ambigüité, ou d'un paradoxe, menant dès lors à comprendre le propos de façon différente de ce que l'on "entendait" au départ. "Heureux ceux qui ont des oreilles pour entendre".
Cette amplification du sens, pouvant aussi être suscitée par l'ajout d'un élément, plus tard durant une même réunion, ou d'une réunion à l'autre.
Alors cette seconde cohérence devenait bien plus logique, et cette fois en lien avec l'enseignement traditionnel, dont un des éléments est précisément de conduire à se défaire de l'opinion des masses.
Combien de fois avons-nous été surpris de notre relecture de propos tenus en réunions. Cependant que le dit propos prenait des positions tranchées. Ceci paraissant évidemment plus facilement à l'écrit, quand c'est notre propre pensée qui "entend" désormais les choses, et peut les analyser, revenir dessus et les comparer au reste de l'enseignement, cette fois émis avec un ton serein.
"VOIR c'est LIRE. Lorsqu'on lit, on ne s'arrête nullement aux dessins et aux formes des lettres, ni aux sonorités, mais seulement à ce qu'évoquent ces symboles. C'est la lettre et l'esprit." André Bouguénec
Exemple : "Je suis Dieu", puis "Dieu c'est ce qu'on en fait". Ou "se diviniser c'est sortir de l'opinion des masses".