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« Le "Jugement Dernier", ne peut, ne pourra se faire, QUE sur les paroles dites en tous les temps par les hommes et les responsables des diffusions qui ont conditionné le monde, au TEST du Testament du Christ qui l'a ré-digé au commencement pour qu'en Fin il s'ouvrit et con-Fonde toute la Dispersion, cette "Diaspora" "tra-issante" ou trahissante à travers l'Ordre Divin de Rassemblement. Qui, quelle religion, quelle académie, quelle initiation, s'est voulue assez large de coeur et d'esprit pour rassembler toutes les brebis égarées de la Maison d'Israël, c'est-à-dire, non pas le pays des juifs, mais la Maison de Dieu qu'est le Verbe par TOUT : IS-RA-EL : "l'Intelligence-Royale-de Dieu", contre laquelle l'homme doit "lutter", "l'emporter" (de la racine hébraïque sârôh), ce qu'est en vérité l'antique Iswara-El, cette "Agartha" invisible, enfouie dans les profondeurs de la "Terre", c'est-à-dire de l'Homme, dans ses ténèbres. »

André Bouguénec, Entretien avec l'homme, article Qui est Judas ?

 

 

 

Histoire des 3 Rama et détails sur le Ramayana - Encyclopédie théologique de l'abbé Migne

RAMAYANA : Grande épopée qui avec le Mahabarrata, forme ce qu'on appelle les Itihasas, livres sacrés des Hindous. Ce poème contient les aventures et les exploits de Rama-Tchandra. On en trouve deux exemplaires différents. Un pour le Nord et un pour le Sud. La rédaction en est attribuée à Valmiki, que les hindous font contemporain de Rama. C'est le livre sacré des Kchatryias. Le lire ou l'entendre apporte le salut et lire ses passages peut avoir des effets magiques. Aussi ce poème est-il appelé un adikavyam, poème primitif, principal, poème par excellence.



RAM ou Rama, ou Rama-Tchandra. Il y a trois incarnations de Vichnou sous le nom de Rama. La première eut lieu pour le châtiment des Kchatriyas, dont la tribu fut détruite presque toute entière. Nous en donnons l'historique à l'article Parasou-Rama. Mais toute glorieuse qu'elle ait été, elle ne fut point cependant la principale incarnation du dieu Rama ; il en est une autre beaucoup plus célèbre, beaucoup plus importante, qui avait été prédite 60 000 ans avant son accomplissement. Si l'avatar de Parasou-Rama avait pour but la délivrance des Brahmanes, il ne s'agissait de rien moins, dans celui de Rama-Tchandra, que du salut des dieux. Voici ce qui lui donna occasion.

A Lankâ, capitale de l'île de Ceylan, régnait Ravana. Quoique fils du vertueux mouni Viswasrava, il n'en était pas moins un rakchasa ou mauvais démon ; cette malheureuse destinée tenait a une existence précédente et à l'extraction de sa mère. Ce prince ambitieux aspirait à la conquête du Swarga (ciel), et pour y parvenir, il avait consacré cent années de sa longue vie en dévotions à Siva, et avait obtenu de ce dieu, en lui sacrifiant sa tête, non seulement la récompense de dix autres têtes et de vingt bras, mais encore la prérogative de ne pouvoir être mis à mort qu'après qu'on lui aurait abattu un million de têtes, c'est-à-dire que les têtes qui lui seraient coupées, pussent être successivement remplacées jusqu'à concurrence de ce nombre. Il obtint encore de Brahmâ un filet et un javelot mystérieux, que cette divinité ne lui abandonna qu'en tremblant, prévoyant le mauvais usage qu'il en ferait. Il était au reste d'une force prodigieuse, tellement qu'un jour, voulant réveiller Siva de son sommeil extatique, il transporta d'une seule main ce dieu et son palais sur le sommet du mont Himalaya. L'orgueil de Ravana croissant en proportion de sa force et de ses prérogatives, il ne songea plus qu'à se rendre maître de tout l'univers. Déjà il avait subjugué la terre et les swargas, il envahit encore les patalas ou enfers, et exerça une tyrannie telle, qu'il s'attira la haine de tous les êtres vivants. Brahmâ et Siva, regrettant les funestes présents qu'ils lui avaient faits, tremblaient pour eux mêmes et attendaient impatiemment le moment déterminé pour la nouvelle incarnation de Vichnou. Il arriva enfin et cet avatar eut lieu vers la fin du second âge.

Le dieu s'incarna dans la personne de Rama-Tchandra, fils de Dasaratha, roi d'Ayodhya (Aoude) et de Kausalya, une de ses femmes. Le premier qui reconnut cette divine incarnation, fut le sage Viswamitra. Comme l'impie Ravana avait interdit tout culte dans l'étendue de son empire et dans les royaumes tributaires, et que ses émissaires percutaient sans pitié les brahmanes et les hommes religieux, ce richi méditait pour lutter contre l'intolérance des daityas et des rakchasas, qui depuis longtemps l'empêchaient de terminer un sacrifice qu'il avait commencé. Une révélation divine lui apprend qu'il n'y avait que Rama-Tchandra, fils de Dasaratha, qui fût capable d'appliquer un remède, à de si grands maux. Il se rend alors à Ayodhya, et obtient du roi, à force de prières et de menaces, qu'il lui confie son jeune fils. Rama-Tchandra se met en marche avec le richi, triomphe des embûches que les daityas lui tendent dans le chemin, et arrive au lieu où doit s'effectuer le sacrifice. C'est en vain que les rakchasas veulent, comme d'habitude, renverser les autels, et enlever les victimes, un enfant se rit de leurs efforts. Ils rassemblent une armée nombreuse, et assiègent pendant deux jours et deux nuits la demeure de Viswamitra ; le jeune Rama-Tchandra en défend l'entrée, taille en pièces une partie des assaillants, et tue un des chefs ; l'autre s'enfuit à Lanka pour porter la nouvelle de la défaite. Le sacrifice peut enfin s'achever.

Viswamitra conduisit alors son libérateur à la cour de Djanaka, roi de Mithila. Ce radja avait reçu en présent de Siva un arc, qui avait la propriété, une fois fixé dans un lieu, de ne pouvoir être déplacé que par une incarnation de Vichnou ou de son épouse Lakchmi, toujours incarnée avec lui sur la terre. C'est à la présence de cet arc mystérieux que Djanaka dut d'être le seul prince capable de résister aux entreprises impies de Ravana, bien qu'avec des forces très inférieures. Ravana, rongé de dépit, se vengea de cet échec sur les saints richis retirés dans les forêts, et exigea d'eux un tribut que leur pauvreté les rendait incapables de payer. Le barbare leur envoya alors un vase, en leur enjoignant de le remplir à eux tous de leur sang, puisqu'ils ne possédaient que cela en propre. Les richis, incapables de résister, se soumirent à cette dure nécessité, mais en maudissant Ravana et en prédisant que ce sang serait la cause de sa perte. En effet, à peine ce honteux tribut fut-il apporté à Lanka, que la sécheresse, la famine, la mortalité se répandirent sur la ville avec tant de furie, que tout autre que Ravana eût reconnu la vengeance céleste. Toutefois ayant appris que le vase plein de sang était la cause de ces calamités, il le fit porter sur les terres de son ennemi, et enfouir dans le territoire de Mithila. En conséquence, cette ville ne tarda pas à gémir sous le poids des maux qui avaient affligé Lankâ. Son pieux roi se livre en vain aux austérités et aux œuvres de pénitence les plus sévères ; rien ne peut désarmer le courroux du ciel. Les brahmanes consultés répondent que, dans des cas pareils, il n'y a qu'un remède : c'est que le radja lui-même laboure la terre, et que la reine sème le grain derrière lui. Il se met à l'œuvre sans balancer, et en labourant il sent de la résistance sous le soc de la charrue ; il creuse plus avant, trouve le vase fatal, l'ouvre et en voit sortir une jeune fille d'une beauté ravissante ; en même temps une pluie vivifiante tombe sur la contrée, tous les fléaux cessent. Djanaka et sa femme emmènent aussitôt la petite fille dans leur palais, l'adoptent pour leur enfant, lui donnent le nom de Sita, et la placent dans l'appartement où était l'arc de Siva. Le lendemain, ils trouvent l'arc changé de place, observent avec attention, et s'aperçoivent que la jeune Sitâ le manie avec la plus grande aisance. Se rappelant alors les instructions du dieu, ils ne doutent pas que cette fille merveilleuse ne soit une incarnation de Lakchmi, épouse de Vichnou. Djanaka résolut alors de ne la donner en mariage qu'à celui qui serait capable de bander l'arc céleste.

Il convoqua donc tous les radjas voisins à un swayambara solennel, en annonçant que la main de Sitâ sera le prix de celui qui pourrait bander l'arc de Siva. La réputation de beauté de la jeune fille avait attiré une foule immense de princes et de rois, et Ravana lui-même, qui, surmontant à cette occasion l'aversion qu'il éprouvait pour toute sorte d'acte religieux, avait consenti à assister au sacrifice qui précédait la cérémonie, dans l'espoir, ou plutôt dans l'assurance de l'emporter sur tous les prétendants. En effet, le sacrifice terminé, Ravana s'avance pour bander l'arc, se croyant déjà l'époux de Sitâ ; mais ses efforts sont vains, il ne peut pas même soulever l'arme merveilleuse ; il s'en retourne avec confusion, se consolant de cette mortification par la certitude qu'aucun radja ne pourra satisfaire à la condition exigée. Cependant Sitâ avait distingué dans la foule un jeune homme d'une beauté céleste, et son coeur faisait tout bas des vœux pour qu'il pût remporter la victoire. Ce jeune homme était Rama-Tchandra, qui venait d'arriver avec Viswamitra. Personne n'ayant osé renouveler la tentative, après l'échec de Ravana, Rama-Tchandra s'avance, soulève d'une main vigoureuse et légère l'arc sacré, le manie avec aisance, le bande sans efforts, et le brise. Sitâ lui appartient. Ravana prend le chemin de ses Etats, la rage dans le coeur, il jure de se venger du jeune prince.

Rama- Tchandra retourne avec son épouse à Ayodhya. Un jour qu'il s'amusait à tirer des flèches, il en décocha une avec tant de force, que le bruit qu'elle produisit en partant fit avorter la femme d'un brahmane qui était non loin de là. Le mari, transporté de colère, lança sur lui cette malédiction : « Puisse-tu ne posséder jamais que les connaissances inhérentes à la nature humaine » Cette malédiction eut son effet, et dès lors Rama fut privé des lumières inhérentes à la divinité.

Bientôt après l'abdication de son père, son droit d'ainesse, le consentement de ses frères, les vœux de la population, ses propres vertus, tout se réunit pour l'appeler au trône ; mais Kaikéyi, une des épouses du vieux roi qu'elle avait guéri d'une blessure fort dangereuse, profitant de la promesse indiscrète que Dasaratha lui avait faite avec serment de lui accorder la grâce qu'elle solliciterait, obtint que son fils Bharata succédât à la couronne, et que Rama-Tchandra fut exilé pendant douze ans. Rien ne put fléchir cette mère jalouse ; Rama-Tchandra fut obligé de partir avec Sitâ et son frère Lakchmana. Si Vichnou consentit à cet exil, c'est qu'il entrait dans les vues de la providence et dans le dessein de l'incarnation.

Les trois fugitifs prennent les habits d'anachorètes et parcourent les forêts, en se livrant à toutes les pratiques de la pénitence la plus rigoureuse, ne vivant que de fruits sauvages et d'aumônes, à l'exception toutefois de Lakchmana qui passa ces douze années sans boire, sans manger et sans dormir.

Vers la fin de leur exil, ils arrivèrent dans le Dékhan, et s'arrêtèrent dans les Etats de Sourpanakhâ, sœur de Ravana, et comme lui de la race maudite des rakchasas. Cette malheureuse, ayant vu les deux frères, mit tout en œuvre pour les séduire. Se voyant méprisée, elle envoya contre eux une armée nombreuse, sous la conduite de deux daityas, mais les deux mounis n'eurent besoin que de six heures pour mettre en déroute les troupes de Sourpanakhâ. Ravana, apprenant la défaite da sa sœur, lui promet de ne prendre aucune nourriture jusqu'à ce qu'il ait accompli le serment qu'il avait fait autrefois de se venger de Rama-Tchandra. Il se rend sur la terre ferme, se déguise en pénitent, et, à force de ruses et d'adresse, il parvient à tromper la vigilance des deux frères, enlève Sitâ, et la transporte à travers les airs dans sa capitale. Inutile de raconter le désespoir de Rama ; il cherche de tous côtés sa femme et son ravisseur ; de légers indices le dirigent vers le midi ; il parvient dans l'empire de Sougriva, roi des singes, fait alliance avec lui, après lui avoir donné des preuves de sa puissance, et lui demande son secours pour la délivrance de Sitâ. Le prince n'a pas de ministre plus intelligent que le singe Hanouman ; on le charge de la mission délicate de découvrir la retraite de Sitâ. Hanouman fait un saut et se trouve au bord de la mer ; là, il rencontre un milan qui lui donne quelques renseignements sur Sitâ et son ravisseur ; il les suppose à Lanka, et l'officieux oiseau donne au singe la mesure précise du saut qu'il a à effectuer pour franchir le détroit et tomber juste sur la capitale. Mais le maladroit Hanouman calcule mal son élan ; car il se trouve transporté à l'extrémité opposée de l'île de Ceylan, et fort loin au delà de la capitale. Un peu déconcerté, il craint de hasarder un autre saut, et se résout à longer pédestrement les côtes de l'île, pour pénétrer dans les Etats de Ravana ; mais à chaque pas il rencontre des rakchasas en sentinelle ; il en terrasse plusieurs.

Craignant cependant d'éveiller l'attention, il se transforme en mouche, et parvient non seulement à voir l'épouse de Rama, mais encore à recueillir des témoignages de la fidélité qu'elle avait constamment gardée à son époux. Il lui remet alors une bague qu'elle avait laissé tomber dans son rapt, et que Raina avait trouvée plus tard, ce qui avait commencé à le mettre sur ses traces, et il en reçoit en retour un bracelet. Le devoir d'Hanouman était de porter de suite ces bonnes nouvelles à son maître ; mais ce singe malicieux ne put résister a la tentation de jouer quelque tour aux daityas et aux rakchasas : il se mit donc à cueillir des fruits, à casser des branches, à déraciner les arbres, en un mot, à commettre de telles dévastations, qu'on le poursuivit à outrance. Comme son agilité le faisait échapper à tous les efforts, Ravana fit apporter le filet qu'il avait reçu de Siva, et qui avait la propriété d'enlacer infailliblement sa proie. Hanouman est pris ; Ravana ordonne de lui envelopper la queue de coton imbibé d'huile, et d'y mettre le feu. Le rusé singe saute alors de maison en maison, introduisant partout l'incendie ; le palais de Ravana et la ville entière deviennent la proie des flammes, à l'exception du palais de Vibhichana, frère de Ravana, prince aussi pieux que son frère était cruel. C'était dans sa maison que Sitâ était détenue prisonnière. Hanouman revient auprès de Rama, et lui rend compte du succès de sa mission.

Ce prince se mit donc en marche avec Sougriva, roi des singes, et Djambavanta, roi des ours, à la tête de deux armées nombreuses ; ils arrivèrent à l'endroit de la côte de Coromandel, opposé à l'extrémité septentrionale de l'île de Ceylan. La difficulté était de passer le détroit, car tout le monde n'était pas doué, comme Hanouman, de la propriété de franchir les airs. Bientôt, avec des efforts surhumains, on parvient à jeter sur la mer un pont de rochers, dont il reste encore aujourd'hui des débris gigantesques redoutés des navigateurs. Les armées pénètrent dans Ceylan, et marchent sur Lankâ sans éprouver de résistance. Arrivé dans la place, Rama-Tchandra somme le tyran de lui remettre son épouse, lui offrant la paix à cette condition. Les ministres de Ravana le pressent d'accueillir ces offres ; son frère Vibhichana insiste fortement ; mais Ravana persiste dans son refus. Vibhichana court se ranger du côté de Rama, qui le proclame roi de Lankâ. Le combat s'engage. Nous nous tairons sur ses vicissitudes infinies ; nous ne dirons rien du filet de serpents, du javelot enchanté, des montagnes transportées, des soldats tués ou écrasés par millions, puis ressuscités, de Rama lui-même précipité dans le Patala ; mais, grâce à Hanouman, qui paraît être le héros de l'aventure, les désastres les plus terribles et les plus inattendus tournent au profit de la bonne cause. Après des phases innombrables de succès et de revers, Rama-Tchandra lutte corps à corps avec Ravana ; il faut nécessairement n'être rien moins qu'une divinité pour se défendre contre ces vingt bras, contre ces vingt pieds, pour abattre cette multitude prodigieuse de têtes qui se succèdent avec une rapidité effrayante. Enfin, chacune des dix têtes du monstre étant tombée pour la cent millième fois, le combat est terminé par la mort de Ravana. Sitâ est délivrée ; Rama triomphant l'emmène, après que sa vertu a été constatée par les épreuves qu'il lui fait subir. Il laisse à Vibhichana la souveraineté de Lankâ, rend par sa vertu puissante la vie à tous ceux qui l'avaient perdue pour lui, et retourne à Ayodhya, où son frère se démet volontairement de l'empire entre ses mains.

Qui croirait qu'après tant de travaux endurés pour l'amour de Sitâ, la jalousie vint ulcérer le coeur de son royal époux ? Ce sentiment odieux était l'effet de la malédiction prononcée contre lui. Il prêta l'oreille à des paroles soupçonneuses qui accusaient Sitâ, à cause de son séjour chez Ravana. Il donna donc à Lakchmana, son frère, l'ordre de la conduire, malgré sa grossesse, dans un désert et de l'y abandonner. La malheureuse femme fut recueillie par un bûcheron, dans la cabane duquel elle accoucha de deux jumeaux, Kousa et Lava. Mais Rama-Tchandra ayant reconnu plus tard l'injustice de ses soupçons, retrouva sa fidèle épouse, qu'il croyait perdue pour jamais, et la ramena à son palais. Les auteurs varient sur la fin de ce Rama. Les uns racontent que Sitâ, en bute à de nouveaux accès de jalousie de la part de son mari, pria la terre de l'engloutir pour lui procurer le repos, ce qui eut lieu sur-le-champ. Rama, poussé par un tardif repentir, disparut de la même manière, et rejoignit la tendre Sitâ dans l'heureux séjour du Vaikounta. Suivant une autre version, Lakchmana, maltraité par son frère, se serait précipité dans le fleuve Sarayou, et Rama l'aurait imité pour se punir de son injustice. Il y a aussi des variantes sur la reconnaissance de Sitâ et de ses deux fils ; mais ces derniers faits ne tiennent point particulièrement à l'incarnation.

Il est encore une troisième incarnation de Vichnou en Rama : c'est celle ou il est appelé Bala-Rama. Nous en parlons à l'article BALADÉVA. Cet avatar est moins célèbre que les autres ; il est même des auteurs qui ne le comptent point au nombre des dix incarnations principales. En effet, ce Bala-Rama était frère de Krichna, et le compagnon inséparable de ses travaux. Or, Krichna est généralement regardé comme l'avatar le plus complet de Vichnou. On peut donc considérer Bala-Rama comme une doublure de l'incarnation divine.

Au reste, ce ne serait pas la seule fois que Vichnou aurait animé simultanément différents corps. Il y a même un fait bien plus curieux : c'est de voir en même temps deux incarnations du même dieu opposées l'une à l'autre. Ceci eut lieu précisément entre Parasou-Rama et Rama-Tchandra. Lorsque ce dernier revenait à Ayodhya, après avoir rompu l'arc sacré de Siva, Parasou-Rama, qui, ainsi que nous l'avons dit à l'article qui lui est consacré, était retourné auprès de cette divinité, apprit avec courroux qu'un kchatriya avait été assez hardi pour briser une arme consacrée à son maître ; il descendit aussitôt sur la terre, afin de punir Rama-Tchandra de sa témérité. Parasou-Rama, brahmane d'extraction, était né pour la ruine et la destruction des Kchatriyas : aussi, en abordant Rama-Tchandra, qui avait pris naissance dans cette caste, ne manqua-t-il pas de lui reprocher son extraction et de lui demander de quel droit un vil Kchatriya avait osé porter les mains sur l'arc de son maître. En vain Rama-Tchandra répondait-il avec douceur et cherchait-il à s'excuser, ses réponses ne faisaient qu'aigrir son adversaire, et la scène menaçait de devenir sanglante, lorsque Lakchmana, ne pouvant plus contenir son indignation, s'écria en s'adressant au Brahmane : « Oses-tu bien provoquer ainsi une incarnation de Vichnou ? Ne sais-tu pas que, d'une seule de ses flèches, il peut te détruire, toi et tous les Brahmanes, que, d'un seul de ses regards, il peut te plonger dans le néant ? » Parasou-Rama se rappela alors que Siva lui avait prédit que Vichnou s'incarnerait en Kchatriya, vers la fin du second âge, et, pour éprouver si Rama-Tchandra était en effet cet avatar, il lui dit qu'il était prêt à lui rendre hommage si, en preuve de sa divinité, il voulait bander l'arc que lui, Parasou, avait reçu de Siva. Rama prit l'arme, la banda et la brisa avec la même facilité qu'il avait rompu l'arc de Djanaka. A cette preuve de sa puissance, Parasou se jeta à ses pieds, en demandant pardon de sa faute. Rama-Tchandra lui pardonna en considération de sa qualité de brahmane ; mais, en expiation de tout le sang des kchatriyas qu'il avait répandu, il lui enjoignit de faire une pénitence rigoureuse sur le mont Mahendra.

C'est en effet une chose fort remarquable que de voir une incarnation supérieure blâmer ce qui a été exécuté par le même dieu dans une incarnation précédente. Mais on peut suivre dans les incarnations successives de Vichnou les différentes phases d'un système politique et les variations que subit le gouvernement. Les quatre premiers avatars, qui n'avaient que des intérêts généraux, sont censés n'avoir qu'un degré d'intensité. On peut supposer qu'alors ces degrés de plénitude n'étaient point calculés ; la divinité s'incarnait sous forme d'animaux ou d'êtres imaginaires. Les diverses castes vivaient en paix ; les brahmanes étaient les dépositaires de l'autorité temporelle, aussi bien que du pouvoir spirituel. C'est sans doute pour affermir la première, qui peut-être avait déjà reçu quelques atteintes de la part des kchatriyas, qu'ils imaginèrent une cinquième incarnation, dans laquelle Vichnou vient sur la terre sous la forme d'un nain d'extraction brahmanique ; et cet avatar a deux degrés de plénitude. Mais les kchatriyas poursuivant leurs empiétements, et ayant tout à fait usurpé le pouvoir temporel, les brahmanes leur opposèrent un sixième avatar, celui de Parasou-Rama, où le dieu s'incarne encore dans leur tribu, tout exprès pour exterminer les usurpateurs ; et cette terrible incarnation a trois degrés de plénitude, un de plus que la précédente ; l'autorité échappe aux kchatriyas. Mais essentiellement belliqueux et avides, ces derniers ne tardent pas à la reprendre : c'est ce qu'exprime la septième incarnation, de Rama-Tchandra, où le dieu, pour la première fois, se fait kchatriya ; et cet avatar augmente de suite de quatre degrés sur le précédent, et en compte sept.

Dans le huitième, celui de Krichna, Vichnou est encore kchatriya, et cette incarnation est la plus complète de toutes : elle a les seize degrés requis d'intensité ; il ne peut y en avoir de plus parfaite. Aussi les kchatriyas furent si bien établis dans la plénitude du pouvoir temporel, qu'ils l'ont toujours conservé jusqu'à nos jours. Quelques-uns comptent Bala-Rama pour le huitième avatar, et Krichna pour le neuvième ; or, Bala-Rama est encore une incarnation en kchatriya. Il est digne de remarque que, dans les deux principaux avatars, celui de Rama-Tchandra et celui de Krichna, Vichnou se fait kchatriya et non point brahmane, ce qui, suivant Gibbon, indique un changement dans le système mythologique. On peut même, dans ces avatars, observer des changements de mœurs et des modifications dans la religion. Ainsi, dans l'histoire de Parasou-Rama, nous voyons les kchatriyas admis pour la première fois à la table des brahmanes ; dans celle de Rama-Tchandra, les brahmanes sont blâmés d'avoir exterminé les kchatriyas, et il se passe une sorte de convention dans laquelle les brahmanes renoncent au pouvoir et les kchatriyas à la doctrine : ce qui autorise à regarder Vichnou comme le réformateur du système primitif établi par Brahmâ.

L'histoire des trois Ramas fournit des données historiques non moins importantes. La tradition attribue au premier, Parasou Rama, ou le Rama à la hache, la formation de la côte Malabare. Du haut du promontoire de Dilly, il décochait ses flèches vers le sud ; l'endroit où elles tombèrent devint la limite de la mer, qui se retira ainsi du pays de Kérala. Parasou purgea des serpents la nouvelle plage, et y établit des colons venus du nord. - Le second Rama, surnommé Tchandra, ou de la lune, s'allia avec les peuples sauvages de l'Inde méridionale, connus alors sous le nom de singes et d'ours, et avec leur secours conquit l'île de Ceylan. - Enfin le troisième Rama avait pour surnom un vocable fort expressif : c'est celui da Langala-Dhwadja, qui a une charrue pour étendard, ce qui nous induit à reconnaître, avec M. Troyer, trois grands événements :
1° le défrichement et la colonisation de la côte malabare ;
2° l'extension d'une domination du nord au sud ;
3° l'introduction de l'agriculture.

De savants Anglais ont regardé les trois Ramas comme un seul et même personnage, qui, d'après W. Jones et Wilford, ne serait autre que le Rama de la Bible (le Regma de la Vulgate), de même que Bali, chef de la nation de singes ou des montagnards, serait le Bal (Bélus) de la Bible, fils de Chus ainsi que Rama. L'un des deux frères aurait fondé un empire au sud de l'Inde, tandis que l'autre se serait établi sur les frontières occidentales de la Perse. M. Troyer au contraire considère, avec plus de vraisemblance, les trois Ramas comme les représentants de trois grandes époques de l'histoire indienne. Mais en quel temps vécut Rama-Tchandra ? C'est ce qu'il est difficile de déterminer. M. Seiffarth, ayant calculé le thème natal de ce prince, inséré dans une rédaction du Ramayana, a trouvé que cette position des astres avait eu lieu 1578 ans avant notre ère, le 17 avril, et ne peut revenir qu'une fois en 128 000 ans ; mais cet horoscope ne se trouve pas dans toutes les rédactions du poème, et on le suppose interpolé. D'après W. Jones, Rama vécut 2029 ans avant Jésus-Christ ; d'après Tod, 1100 ans seulement ; d'après M. Gorresio, dans le XIIIè siècle avant l'ère chrétienne ; M. Troyer ne croit pas pouvoir placer son règne moins de 4102 ans avant Jésus-Christ. Il y a encore loin de tous ces calculs à ceux des Indiens, d'après lesquels Rama aurait paru il y a plus de 869 000 ans.

Les Hindous célèbrent la mémoire de la défaite de Ravana par Rama-Tchandra le dixième jour de la quinzaine lumineuse du mois de Kouar (septembre-octobre). Voy. DACHAHARA.