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« Le "Jugement Dernier", ne peut, ne pourra se faire, QUE sur les paroles dites en tous les temps par les hommes et les responsables des diffusions qui ont conditionné le monde, au TEST du Testament du Christ qui l'a ré-digé au commencement pour qu'en Fin il s'ouvrit et con-Fonde toute la Dispersion, cette "Diaspora" "tra-issante" ou trahissante à travers l'Ordre Divin de Rassemblement. Qui, quelle religion, quelle académie, quelle initiation, s'est voulue assez large de coeur et d'esprit pour rassembler toutes les brebis égarées de la Maison d'Israël, c'est-à-dire, non pas le pays des juifs, mais la Maison de Dieu qu'est le Verbe par TOUT : IS-RA-EL : "l'Intelligence-Royale-de Dieu", contre laquelle l'homme doit "lutter", "l'emporter" (de la racine hébraïque sârôh), ce qu'est en vérité l'antique Iswara-El, cette "Agartha" invisible, enfouie dans les profondeurs de la "Terre", c'est-à-dire de l'Homme, dans ses ténèbres. »

André Bouguénec, Entretien avec l'homme, article Qui est Judas ?

 

 

 

L'inversion religieuse de la Révolution - Arnaud-Aaron Upinsky

C'est également lui qui a raison de considérer qu'il n'y a que deux personnages dans l'épopée révolutionnaire : le christianisme et la Révolution. Il est manifeste que, posée en termes de langage, la Révolution est l'opérateur qui permet d'inverser les repères et les points cardinaux du christianisme : la Révolution est l'inverse du christianisme. C'est même cette filiation chrétienne qui -par effet de vases communicants- est la source du mysticisme révolutionnaire. L'homme cherche dans la politique ce qu'il cherchait dans la religion. Ce retournement, inhérent au processus d'inversion de l'équation féodale, fut d'ailleurs pratiqué par les Encyclopédistes dès l'origine: « La raison est à l'égard du philosophe ce que la grâce est à l'égard du chrétien. » dit Diderot, dans l'Encyclopédie. Et d'Alembert ajoute: « Nous remplaçons comme nous pouvons les places vacantes à l'Académie française, de la même manière que le père de famille du festin de l'Évangile, avec les estropiés et les boiteux de la littérature. »

La religion de l'Abstraction dérive -par inversion- de la religion de l'Incarnation. Là où le christianisme promet le bonheur céleste d'en haut, la Révolution promet le bonheur terrestre d'en bas. Le christianisme affirme que le paradis terrestre est derrière nous, tandis que la Révolution nous annonce qu'il est devant nous : c'est l'Utopie que réalisera la Science ! Le premier enseigne que la rédemption des âmes est un processus personnel et intérieur. La seconde, que la régénération du genre humain est un processus collectif et extérieur. Le Jugement dernier des chrétiens est spirituel et doit être rendu après la mort ; le Tribunal révolutionnaire est temporel et donne la mort immédiate et sans jugement. L'enfer chrétien retranche l'âme de la vie de Dieu ; l'enfer révolutionnaire, le corps de la vie de l'Humanité.

Au niveau personnel, c'est justement l'attitude devant la mort -le seul point de passage obligé de chacun- qui fait la bifurcation entre le chrétien et le révolutionnaire. Le premier investit après la mort, le second avant. Et cette seule distinction suffit à opposer diamétralement tous les termes des deux langages, tout en les maintenant en constante homologie, du fait même de leur symétrie systématique. Ce que le chrétien est au surnaturel, le révolutionnaire l'est au temporel.

Mais comme la mort frappe de nullité le temporel, le vrai révolutionnaire -celui qui ose aller jusqu'au bout de sa logique- finit par retrouver la transcendance inversée dans le mythe de la révolte du Lucifer libérateur. Du seul fait de la logique des mots, la première révolte -la première inversion de l'équation féodale-, une fois enchaînée, doit aller jusqu'à son terme et substituer intégralement le temporel au surnaturel, et l'Humanité à Dieu ! Détrôner le roi, c'est nécessairement être amené, un jour, à détrôner Dieu. Car l'inégalité la plus insupportable n'est pas celle des hommes, passagère, mais celle qui nous subordonne à Dieu, éternellement. C'est pourquoi la révolte conséquente conduit nécessairement à revendiquer l'Égalité avec la Divinité elle-même !

Et c'est bien ce processus d'inversion du rapport de l'homme à la divinité que nous décrit la révolution religieuse de 1789-1794. Elle commence symboliquement, le 4 mai 1789, par la procession du Saint sacrement qui ouvre les États généraux. Et elle se termine, du 8 juin au 28 juillet 1794, par la procession de l'Être suprême, par la Grande Terreur et par la chute de Robespierre qui la ferment. Entre ces deux dates, on assiste à l'inversion du principe d'incarnation en principe d'abstraction.

 

L'inverse du religieux est encore du religieux. Tous les révolutionnaires ont été élevés dans des institutions religieuses.

C'est par la peur superstitieuse que la Révolution s'attache la population. Cest par le serment civique, qu'elle oblige chacun à donner sa parole. On trouve tout un tas de serments durant la Révolution, dont celui de "Haine de la Royauté" (10 Mars 1796).

Le serment civique est un nouveau serment féodal, passé par tous, avec la nation pour programmer une nouvelle société artificiellement conçue.

Le serment n'est plus passé d'homme à homme, mais des hommes à une abstraction.

De même, dans la Déclaration du 26 Aout 1789, il est fait explicitement référence aux "droits" naturels et "sacrés" de l'homme.

L'équivoque - la clef de la désinformation - est savamment entretenue et les révolutionnaires se désignent sous le nom des couvents religieux qu'ils occupent.

Le chant du Ça ira, se présente comme le "nouveau catéchisme".

 

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Citation plus complète de Diderot de l'article "philosophe"

La raison est à l'égard du philosophe ce que la grâce est à l'égard du chrétien. La grâce détermine le chrétien à agir ; la raison détermine le philosophe...
Le philosophe forme ses principes sur une infinité d'observations particulières. Le peuple adopte le principe sans penser aux observations qui l'ont produit : il croit que la maxime existe, pour ainsi dire, par elle-même ; mais le philosophe prend la maxime dès sa source ; il en examine l'origine ; il en connaît la propre valeur, et n'en fait que l'usage qui lui convient.
De cette connaissance que les principes ne naissent que des observations particulières, le philosophe en conçoit de l'estime pour la science des faits ; il aime à s'instruire des détails et de tout ce qui ne se devine point ; ainsi, il regarde comme une maxime très opposée au progrès des lumières de l'esprit que de se borner à la seule méditation et de croire que l'homme ne tire la vérité que de son propre fonds... La vérité n'est pas pour le philosophe une maîtresse qui corrompe son imagination, et qu'il croie trouver partout ; il se contente de la pouvoir démêler où il peut l'apercevoir. Il ne la confond point avec la vraisemblance ; il prend pour vrai ce qui est vrai, pour faux ce qui est faux, pour douteux ce qui est douteux, et pour vraisemblable ce qui n'est que vraisemblable. Il fait plus, et c'est ici une grande perfection du philosophe, c'est que lorsqu'il n'a point de motif pour juger, il sait demeurer indéterminé ...
L'esprit philosophique est donc un esprit d'observation et de justesse, qui rapporte tout à ses véritables principes ; mais ce n'est pas l'esprit seul que le philosophe cultive, il porte plus loin son attention et ses soins.
L'homme n'est point un monstre qui ne doive vivre que dans les abîmes de la mer ou au fond d'une forêt : les seules nécessités de la vie lui rendent le commerce des autres nécessaire ; et dans quelque état où il puisse se trouver, ses besoins et le bien-être l'engagent à vivre en société. Ainsi, la raison exige de lui qu'il étudie, et qu'il travaille à acquérir les qualités sociables.
Notre philosophe ne se croit pas en exil dans ce monde ; il ne croit point être en pays ennemi ; il veut jouir en sage économe des bien que la nature lui offre ; il veut trouver du plaisir avec les autres ; et pour en trouver il en faut faire ; ainsi il cherche à convenir à ceux avec qui le hasard ou son choix le font vivre ; et il trouve en même temps ce qui lui convient : c'est un honnête homme qui veut plaire et se rendre utile.
La plupart des grands, à qui les dissipations ne laissent pas assez de temps pour méditer, sont féroces envers ceux qu'ils ne croit pas leurs égaux. Les philosophes ordinaires qui méditent trop, ou plutôt qui méditent mal, le sont envers tout le monde ; ils fuient les hommes, et les hommes les évitent : mais notre philosophe qui sait se partager entre la retraite et le commerce des hommes est plein d'humanité. C'est le Chrémès de Térence qui sent qu'il est un homme, et que la seule humanité intéresse à la mauvaise ou à la bonne fortune de son voisin. Homo sum, humani nil a me alienum puto.
Il serait inutile de remarquer ici combien le philosophe est jaloux de tout ce qui s'appelle honneur et probité. La société civile est, pour ainsi dire, une divinité pour lui sur la terre ; il l'encense, il l'honore par la probité, par une attention exacte à ses devoirs, et par un désir sincère de n'en être pas un membre inutile ou embarrassant. Les sentiments de probité entrent autant dans la constitution mécanique du philosophe que les lumières de l'esprit. Plus vous trouverez de raison dans un homme, plus vous trouverez en lui de probité. Au contraire, où règnent le fanatisme et la superstition, règnent les passions et l'emportement. Le tempérament du philosophe, c'est d'agir par esprit d'ordre ou par raison ; comme il aime extrêmement la société, il lui importe bien plus qu'au reste des hommes de disposer tous ses ressorts à ne produire que des effets conformes à l'idée d'honnête homme...
Cet amour de la société si essentiel au philosophe fait voir combien est véritable la remarque de l'empereur Antonin : "Que les peuples seront heureux quand les rois seront philosophes, ou quand les philosophes seront rois !" ... Le vrai philosophe est donc un honnête homme qui agit en tout par raison, et qui joint à un esprit de réflexion et de justesse, les moeurs et les qualités sociables. Entez un souverain sur un philosophe d'une telle trempe, et vous aurez un parfait souverain.