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« Le "Jugement Dernier", ne peut, ne pourra se faire, QUE sur les paroles dites en tous les temps par les hommes et les responsables des diffusions qui ont conditionné le monde, au TEST du Testament du Christ qui l'a ré-digé au commencement pour qu'en Fin il s'ouvrit et con-Fonde toute la Dispersion, cette "Diaspora" "tra-issante" ou trahissante à travers l'Ordre Divin de Rassemblement. Qui, quelle religion, quelle académie, quelle initiation, s'est voulue assez large de coeur et d'esprit pour rassembler toutes les brebis égarées de la Maison d'Israël, c'est-à-dire, non pas le pays des juifs, mais la Maison de Dieu qu'est le Verbe par TOUT : IS-RA-EL : "l'Intelligence-Royale-de Dieu", contre laquelle l'homme doit "lutter", "l'emporter" (de la racine hébraïque sârôh), ce qu'est en vérité l'antique Iswara-El, cette "Agartha" invisible, enfouie dans les profondeurs de la "Terre", c'est-à-dire de l'Homme, dans ses ténèbres. »

André Bouguénec, Entretien avec l'homme, article Qui est Judas ?

 

 

 

Responsabilité de Freud dans la recherche juvénile d'une fuite du réel - Michel Lancelot

Extrait de Je veux regarder Dieu en face, le phénomène hippie, Michel Lancelot


« EST-CE LA FAUTE A FREUD ?

La science européenne face au phénomène hippie.

Au début d'août dernier, la revue américaine Time consacrait un immense article aux Hippies. Dès les premières lignes, en guise d'exergue, pourrait-on dire, cette enquête présentait l'opinion définie d'un sociologue américain sur les adeptes du Flower Power. Et ce scientifique disait en substance, si j'ai bonne mémoire « Les jeunes gens fleuris constituent une sorte de prolétariat freudien. » A l'époque, la phrase m'avait frappé par son ambiguïté politico-psychanalytique.

Que fallait-il entendre exactement par là ? La meilleure réponse, que je laisse au lecteur le soin d'accepter ou de rejeter, a été fournie, semble-t-il, au dernier Colloque international de psychiatrie qui s'est tenu à Paris, du 27 au 30 juin 1967, sous la direction du professeur Henri Baruk, de l'Académie de médecine.

Là, devant les représentants de vingt nations, le professeur Moore, de Cambridge, fit sur ce problème la communication suivante, jugée d'une importance capitale, selon ses propres confrères.

- Tout d'abord, reconnut Moore, il est regrettable que certains jeunes, par mésaventure et sans en comprendre l'origine, copient innocemment leurs « copains » dans ce qu'ils croient être une mode. De ce fait, le nombre réel de ceux qui sont vraiment touchés par la crise de l'adolescence peut paraître plus élevé qu'il ne l'est en réalité.

Mais, après ces propos rassurants, Moore entre dans le vif du sujet. Il pense que le moment est venu d'expliquer aux adultes à quoi tient vraiment ce nombre croissant d'inadaptés « Le public doit être mis au courant des causes de ce fléau menaçant afin d'en éviter l'augmentation. »

On n'est pas plus clair. Les gouvernements doivent prendre leurs responsabilités. Les ministères ayant en charge la jeunesse doivent agir. Et vite. Au diable les livres blancs bourrés de chiffres et de statistiques ! Car, s'il ne s'agit encore que de minorités, n'oublions pas qu'il s'agit de « minorités agissantes ».

Le professeur Baruk, médecin-chef de la Maison de Charenton depuis 1931 et célèbre dans le monde entier pour ses travaux psychopharmaceutiques, confirme la réalité de ce péril :
- Le nombre des jeunes internés et soignés dans les établissements neuropsychiatriques augmente sans cesse. C'est grave. C'est même très grave dans une société à la moralité déjà chancelante... »


Mais d'où vient réellement ce mal mystérieux ?

Génération traumatisée par la dernière guerre mondiale ? Epée de Damoclès atomique ? Triomphe définitif, semble-t-il, du matérialisme sur le spiritualisme ? Ces hypothèses, déjà formulées, ne sont pas à rejeter complètement. Mais, d'après les récents travaux socio-psychiatriques dans ce domaine, le grand responsable, c'est Freud !


Bien sûr, on est en droit de se demander ce que le célèbre psychanalyste viennois, décédé en 1939, vient faire dans cette galère moderne. C'est que, d'une part, Freud a écrit à propos des drogues dans son Exposé général de Psychanalyse (inachevé) : « L'avenir nous apprendra peut-être à exercer une influence directe, à l'aide de substances chimiques spéciales, sur les qualités d'énergie mises en jeu par l'activité mentale. » Mais James Moore, follement applaudi par ses collègues, a été plus loin dans sa critique (Naturellement les psychanalystes ne sont pas d'accord avec ce qui va suivre).

« Il ne fait aucun doute que dans la crise actuelle de l'adolescent, la cause originelle n'est plus le refoulement, la répression des forces affectives et instinctives (comme ce fut les cas jusqu'à la dernière guerre) mais, au contraire, un « laissez-faire » dans l'éducation de l'enfant, encore inconcevable il y a quelques années. »


Ce que Moore veut dire, c'est que, sous l'influence consciente ou inconsciente de Freud et de ses disciples, nous sommes passés d'un excès à l'autre, du martinet à la caresse, de la punition à l'absolution inconditionnelle.

James Moore donne un exemple : celui d'un psychologue australien, Truby King, adepte de la psychanalyse freudienne (qu'il a sans doute mal assimilée) et auteur d'un ouvrage célèbre aux U. S. A. et en Angleterre. (Pour comprendre l'influence considérable de Truby King dans les foyers anglo-américains, imaginez qu'un homme aussi populaire en France que le Dr Soubiran ait écrit un ouvrage de ce genre.)

Dans nombre de familles, les children'nurses, nannies, baby sitters ou plus simplement les parents ont appliqué les consignes de Truby King. Elles se résumaient à ceci : « Laissez faire aux enfants tout ce qu'ils veulent, sous peine de les refouler. » « Or, ajoute, James Moore, ce que veulent les enfants, le but qu'ils visent étant naturellement une fiction, ils vivront à l'écart de la société une fois devenus adolescents. »


Pourquoi cette neutralité d'ermite, ce désir d'être paria ?

C'est là, selon beaucoup de psychiatres, que le processus, engendré par Freud et ses exégètes devient diabolique : « Parce qu'il ne peut plus accepter un monde où il ne peut plus faire ce qu'il veut (sous-entendu : comme dans son enfance), l'adolescent proteste et entre en conflit avec ses aînés. » Non sans raisons, « il reproche à ses aînés de lui avoir légué une société dépourvue de liberté individuelle absolue ».

- Pourquoi ce qui nous était permis hier nous est-il interdit aujourd'hui ? faisaient remarquer de très jeunes Hippies californiens (15 à 18 ans) à Cahill, chef de la police de San Francisco, très embarrassé par les propos de ces innombrables fugueurs que l'on rencontrait par centaines dans le quartier d'Haight ! Ashbury de San Francisco, en 1967, et que leurs parents, inquiets, parfois désespérés, recherchaient à l'aide de la police.

Il semblerait donc que, sur ce point au moins, la théorie de James Moore corresponde à une réalité indéniable. Ce même James Moore qui conclut :

- Alors, pour nombre de ces jeunes gens, qui se sentent frustrés, trahis, cette crise se transforme en névrose qui peut aboutir à une psychose caractérisée par une manie narcotique.

La boucle est fermée : cette manie narcotique dont parle James Moore, c'est évidemment la drogue hallucinogène (marijuana, mescaline ou L. S. D. 25).


Le professeur Baruk (déjà cité et que j'ai rencontré - Une partie de cet article a paru dans Aux Ecoutes), clarifie et commente ainsi la théorie de Moore.

HENRI BARUK. - Il n'est pas douteux que la psychanalyse freudienne a eu un grand retentissement dans le domaine de la recherche psychologique. Mais, dans le mouvement revendicatif de renversement des valeurs du XXè siècle, Freud joua plus le rôle d'un grand mystique que celui d'un homme de science. (Opinion partagée par l'Américain Perceval Bailey, de Chicago.).

En déifiant les instincts, il a créé une nouvelle religion. Et cette religion car c'en est une - la jeunesse l'a faite sienne.
D'abord inconsciemment (par le manque de fermeté des parents), puis volontairement en face de la société.
Faire n'importe quoi, n'importe où, c'est pour eux se libérer.

En fait, cette attitude, tant dans le domaine sentimental et sexuel que dans l'emploi de la drogue, n'est rien d'autre qu'une fuite. Fuir, toujours plus loin ce monde matérialiste où la discipline sociale a tué la liberté individuelle.

A mon avis, ces « démissionnaires » ne sont ni plus ni moins que des schizophrènes. Et l'effondrement d'aussi jeunes personnalités a quelque chose de tragique et d'émouvant pour nous, qui sommes d'un autre âge, d'une autre époque.

Cela dit, les Hippies ne sont pas les seuls dans ce cas. Je dirai même que ce relâchement psychique et moral est d'une actualité historique : l'art, la mentalité, le rationalisme schizophréniques sont au centre même de notre époque.


MICHEL LANCELOT. - On peut donc parler aujourd'hui d'une schizophrénie propre au XXè siècle, acquise par entraînement, par habitude ou par éducation, et qui, au lieu de concerner des cas individuels, prend des allures communautaires ?

H. B. - Absolument. C'est une véritable psychanalyse spontanée et collective. Ensemble, ils ont pris l'habitude de se laisser aller à tous leurs désirs, à tous leurs caprices afin d'éviter le refoulement.

M. L. - Freud est-il seul responsable de cet état de choses ?

H. B. - Non. D'abord, toute notre époque, dans son effort de rationalisation à outrance, et dans la préparation d'hommes automates formés uniquement pour une tâche à exécuter (et dont la conscience ne proteste pas), pousse ainsi dans cet effort ; de déshumanisation à l'augmentation, et à la création de nouveaux schizophrènes.

Puis certains auteurs comme Carrel, Teilhard de Chardin ont pensé que l'avenir de l'humanité était lié au développement de plus en plus grand du cerveau et à la prépondérance de l'intelligence sur les sentiments et sur l'affectivité. Ils n'ont pas pensé qu'une telle évolution risque de déséquilibrer l'humanité et de la menacer du développement de plus en plus redoutable de la schizophrénie.

M. L. - Pourtant, M. le Professeur, leurs démarches les portent parfois vers Dieu, les conduisent d'aventure vers une purification de la morale humaine. Le mouvement américain dit hippie me paraît être une excellente illustration de cette volonté. Ne présentait-il pas un côté mystique (où Dieu est synonyme d'amour), presque complètement ignoré en France ?

H. B. - Sans doute, mais sachez qu'il est aujourd'hui prouvé cliniquement que la notion de bien et de mal, de juste et d'injuste, peut subsister dans certains cas d'effondrement de la personnalité.

Cela dit, je ne nie pas la bonne volonté de cette démarche mystique, et moins encore la pureté de leurs intentions. Mais ils se sont trompés de route. Vos Hippies ont confondu mysticisme et religion, extase et bonheur.
N'oubliez pas que la mystique reste l'apanage de quelques initiés aux dons particuliers et plus proches du firmament éthéré que de la vie quotidienne.

M. L. - Que pensez-vous des expériences auxquelles Timothy Leary a procédé sur des étudiants volontaires ?

H. B. - Je suis résolument contre. Ce genre de test biologique devrait être interdit, à moins bien entendu, qu'il ne s'agisse de soins apportés à un malade.

De toutes façons, vouloir retrouver Dieu dans une cigarette de marijuana ou un peu de L. S. D. 25, c'est d'abord une ineptie - car personnellement je ne crois pas à ce genre d'expérience religieuse, contrairement à William James, - mais aussi, et surtout, et encore, une fuite devant la réalité.

M. L. - Avouez, Monsieur, que cette réalité n'a rien de très séduisant pour un adolescent un peu romantique ?

H. B. - Je ne le conteste pas plus que je ne discute leur révolte. Mais ces jeunes doivent comprendre qu'il faut se battre pour rétablir des valeurs morales, aujourd'hui disparues, comme la justice. Ce n'est pas l'oisiveté la mère de tous les maux, c'est l'injustice.

Alors, au lieu d'essayer de voir Dieu à l'aide de stupéfiants, je pense qu'il vaut mieux tirer ce Dieu justice par les pieds, pour le faire redescendre parmi nous. Le reste n'est qu'évasion vers un monde virtuel, peut-être splendide, mais artificiel.

Dans l'esprit du professeur Baruk, tandis que nous continuons à bavarder tranquillement, il me semble percevoir ce que l'on pourrait appeler une volonté d'arranger les choses. Ce vieux monsieur sympathique, supérieurement intelligent, croit en une conciliation possible, en un modus vivendi religieux. A côté du spiritualisme absolu que prônent les Hippies, et du matérialisme total que subissent leurs aînés, il y a place, selon Baruk, pour une concession synthétique où les facteurs somatiques, psychiques, mais aussi les facteurs sociaux et moraux garderaient leur place.

Avant de quitter cet homme charmant, profondément humain, et que je sens, pourtant, si loin, si différent des gens de ma génération, il me reste un point que je veux lui faire éclaircir.

M. L. - Professeur Baruk, pour quelles raisons les jeunesses américaines et anglaises sont-elles plus largement touchées que les nôtres par ce dérèglement mystique et social ?

H. B. - James Moore pense, et je suis enclin à le croire avec lui, qu'il s'agit là encore d'une affaire religieuse. Dans notre Europe latine, et notamment en France, la morale judéo-chrétienne, toujours prête à réprimander, s'est élevée dès le début contre la religion freudienne et le laisser-faire qui en découle. C'est, je pense, l'explication essentielle de cette différence.

Notre jeunesse sera-t-elle un jour plus sérieusement atteinte par ce dérèglement psychique, ce rêve éveillé où l'on abandonne toute foi dans l'amélioration possible de notre société ? Deviendra-t-elle Hippie à son tour ? Ce n'est pas sûr. Mais n'oublions pas l'avertissement d'Oppenheimer : « Je suppose que le malaise qui se fait sentir en Amérique est précurseur de ceux qui n'épargneront pas longtemps l'Europe ». C'est pourquoi, je crois qu'en étudiant le monde américain nous pouvons dégager une leçon, moins sur la façon de faire les choses que sur quelques-uns des dangers qui accompagnent la révolution industrielle et matérialiste. »


Henri Baruk de l'Académie de médecine, médecin-chef de la Maison nationale de Charenton et fondateur, du Laboratoire de psychopharmacologie expérimentale de cet établissement. Membre de l'I. B. R. O. (International Brain Research Organization : Organisation Internationale de la Recherche sur le Cerveau). Biologiste, psychiatre et psychologue, il est l'auteur de nombreux ouvrages dont : La Catatonie expérimentale par la bulbocapnine (1930), où il ouvrait la voie à l'étude de nombreux « poisons de la volonté » et au développement de la psychopharmacologie moderne, Psychiatrie morale et expérimentale (1950), Le Monothéisme devant la science (1952), Psychiatrie sociale (1954). La Désorganisation de la personnalité (1955), Civilisation hébraïque et Science de l'homme, Traité de psychiatrie (1959). Directeur des Annales Moreau de Tours, il a longuement étudié l'utilisation des drogues dans la thérapeutique mentale, ainsi que les délires et hallucinations mystiques. Son œuvre, empreinte d'un grand humanisme, veut mêler intimement la science de l'homme à celle des laboratoires, afin de rétablir le tsedek (justice-charité) dans « une société perdue ».