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« Le "Jugement Dernier", ne peut, ne pourra se faire, QUE sur les paroles dites en tous les temps par les hommes et les responsables des diffusions qui ont conditionné le monde, au TEST du Testament du Christ qui l'a ré-digé au commencement pour qu'en Fin il s'ouvrit et con-Fonde toute la Dispersion, cette "Diaspora" "tra-issante" ou trahissante à travers l'Ordre Divin de Rassemblement. Qui, quelle religion, quelle académie, quelle initiation, s'est voulue assez large de coeur et d'esprit pour rassembler toutes les brebis égarées de la Maison d'Israël, c'est-à-dire, non pas le pays des juifs, mais la Maison de Dieu qu'est le Verbe par TOUT : IS-RA-EL : "l'Intelligence-Royale-de Dieu", contre laquelle l'homme doit "lutter", "l'emporter" (de la racine hébraïque sârôh), ce qu'est en vérité l'antique Iswara-El, cette "Agartha" invisible, enfouie dans les profondeurs de la "Terre", c'est-à-dire de l'Homme, dans ses ténèbres. »

André Bouguénec, Entretien avec l'homme, article Qui est Judas ?

 

 

 

LANGAGE (voir Ecriture, Lettres, Nom, Parole, Son) - Dictionnaire des symboles

Le langage, écrit ou parlé, est imprégné de valeurs symboliques : images, idées, émotions, sonorités, graphismes, etc., dans tout ce qu'il exprime, mais aussi, dans une certaine mesure, dans ce qu'il n'exprime pas. Le passage du mot à la réalité c'est, dit l'Inde, sphota, l'ouverture, à la façon du bourgeon. Le langage est moyen de communication entre les hommes, mais il est aussi, par la prière, l'invocation, le dhikr ou le japa, le moyen de communication de l'être avec la Divinité. Il est, comme symbole du Verbe, du Logos, l'instrument de l'Intelligence, de l'Activité ou de la Volonté divines de la Création. Le monde est l'effet de la Parole divine: Au commencement était le Verbe... (saint Jean 1, 1). Au commencement était Brahma, disent les textes védiques ; avec lui était Vâk, la Parole. Le Verbe est appelé en Islam Kalimat Allâh, Parole de Dieu ou Parole instauratrice. Abû Ya'qûb Sejestani fait des quatre consonnes de Kalimat (klmh) la manifestation quaternaire de l'Unité première. La Parole (Memra) produisit tout objet et toute chose par son Nom un, dit le Sepher letsirah. Vâk, la Parole créatrice, est l'épousée de Prajâpati, mais elle est surtout Sarasvatî, la shako' de Brahma. Vâk est encore le souffle de Çiva-Maheshvara, et aussi Vâyu, le vent, le souffle cosmique.

Symbole de la volonté créatrice de Dieu, la parole est simultanément celui de la Révélation primordiale. Sarasvatî, énergie productrice de Brahma, est aussi la Connaissance, la Sagesse et la mère des Veda. D'où l'importance extrême des langues dans lesquelles ont été reçues les Révélations secondaires qui en sont les reflets - de l'arabe par exemple, seule langue dans laquelle le Coran puisse être lu, car elle en constitue la substance même. La quête souvent évoquée de la Parole perdue est celle de la Révélation première. Le symbolisme de la langue primordiale en est un autre synonyme. Selon la tradition musulmane, il s'agit de la langue syriaque, ou solaire, expression transparente de la lumière reçue dans le centre spirituel primordial. Il est significatif que le langage paradisiaque ait été compris des animaux. L'introduction chamanique au langage des animaux est, à l'inverse, un symbole du retour à l'état édénique. Plus précisément encore, cette langue est parfois celle des oiseaux ; or la langue des oiseaux est une langue céleste ou angélique - symboliquement analogue à la langue syriaque et qui ne peut être perçue que par l'atteinte de certains états spirituels.

En rapport avec la connaissance traditionnelle s'établit le double symbolisme de la confusion des langues et du don des langues. La confusion consécutive à la tentative de Babel marque la diversification de la langue et, partant, de la tradition primordiale. Elle est la conséquence d'un obscurcissement des esprits, commandant le passage progressif de l'unité à la multiplicité : évolution normale sans doute, et non seulement châtiment divin. Les langues imparfaites en cela que plusieurs, écrit Mallarmé, manque la suprême...

Le don des langues marque au contraire le retour à un état central, synthétique, à partir duquel les modalités de la forme et de l'expression apparaissent comme des adaptations nécessaires, mais d'ordre contingent. Le don des langues conféré par le Saint-Esprit aux Apôtres est la clef de l'universalisme chrétien. Les Rose-Croix, dit-on, le possédaient ; de même, les douze envoyés du premier Adam selon l'ésotérisme ismaélien, qui se réfère en l'occurrence au Coran (14, 4): Nous n'avons pas envoyé de prophète qui ne parlât la langue de son peuple. Le même don semble avoir été observé chez certains Pygmées d'Afrique; ce qui pourrait apparaître comme le lointain souvenir d'un état édénique.

Si l'état paradisiaque implique la saisie du langage des animaux, il est dit d'Adam qu'il les avait pourvus de noms (Genèse,l,19) et que, partant, ils lui étaient soumis.

Or c'est une constante de la pensée chinoise que l'adéquation des noms (ming) commande l'ordre du monde. L'essentiel, enseigne Confucius, est de rendre correctes les désignations (tcheng ming). Et l'on trouve sous la plume du poète Milosz la formule suivante: Car ces noms ne sont ni les frères, ni les fils, mais bien les pères des objets sensibles. Il reste, dans le pouvoir du langage, la trace de la puissance cosmogonique des origines.

Autre puissance du langage, celle que confère le mantra initiatique, ou à tout le moins celle que répand la Doctrine. Le gmnytta nikâya (2, 221) fait dire à Kashyapa qu'il est Fils naturel du Bienheureux, né de sa bouche, né du Dhanuna, façonné par le Dhamma... Mais en fait, le Dhamma se réfère immédiatement au langage primordial, celui de Manu, le législateur à l'origine du cycle.
Il est encore, en relation avec le langage, un symbole très particulier et souvent très mai compris : celui du moulin à prières tibétain ; il ne s'agit en fait nullement. de prières, mais de paroles sacrées que le mouvement de l'appareil répand sur le monde comme une universelle bénédiction. (pVAS, CORT, DANA, ELIY, EI,IM, GRAP, GUEV, GUEC, GUEO, GUES, SAIR, SCHC, VACG).


Le langage est aussi le symbole d'un être intelligent : individu, cité, ethnie, nation. Le langage est entendu ici au sens précis de langue parlée ou écrite, ou d'idiome, qui est l'une des innombrables formes du langage et l'un des composants d'une structure mentale et sociale. C'est une réalité profonde qui vit dans la relation langue-être. Ils évoluent ensemble et retentissent ensemble de tous les événements d'une commune histoire : la langue est l'âme d'une culture, d'une cité. Une atteinte inconsidérée portée à la langue frappe toute la cité : elle affecte en profondeur le lien social et contribue à le briser. La langue est, en effet, une structure mentale et sociale. Elle est la principale voie de communication d'individu à individu, de groupe à groupe; le moyen le plus affiné, le plus subtil, le plus pénétrant des échanges; elle traduit une certaine unité d'être; elle est facteur de cohésion. Une société se désagrège, quand elle abandonne sa langue, ou que celle-ci se relâche ; on comprend qu'une minorité ethnique tienne à conserver sa langue, comme gage de son identité. De même, l'individuation progresse avec la maitrise d'un langage. La connaissance de son langage introduit dans l'intimité d'une personne et d'un groupe. Attenter à un langage équivaut à attenter à un être ; respecter un langage, c'est respecter l'être qui le parle. Car il détient une charge d'énergie, qui procède de tout l'être et vise l'être tout entier. La force du symbole en imprègne et soulève les signes. Il ouvre la participation à une vie.